Un jour, tranquillement, il avait dit au détour d'une phrase, avec ce petit chuintement qui s'envolerait après l'enfance "J'en ai marre quand je suis là haut et que je les vois qui trifouillent dans mon ventre", j'en étais restée quelques secondes interdite. Il y avait eu aussi tous ces dessins, chirurgiens aux doigts énormes, disproportionnés, qui emplissaient les feuilles cartonnées dont les couleurs joyeuses m'avaient enchantées et qu'il disait voir de si haut. Je le regardais avec admiration, ce tout petit garçon qui avait longé un temps le styx et qui dès la douleur faiblissant repartait vaillamment affronter le monde.
Un jour, moi aussi je m'étais vue, de la haut, quelques secondes puis pouf j'avais retrouvée mon corps, sans chichi, juste quelques secondes éphémères, sans raison, une petite sortie vite fait.
Des années après, alors que je lisais un passage de la Bible, forcée par l'homme qui me séquestrait et promettait de me tuer, il y avait eu ce souffle doux, enveloppant, chuchotant à mon esprit "Nous sommes là, ne crains rien, n'ais pas peur".
Dernièrement nous regardions un truc, ce genre d'émission que l'on regarde un peu avachi, culpabilisant de perdre son temps, émission hachée de pub sur un canal de la TNT, avec retour en arrière constant et vaguement scénarisé, sur les fameuses NDE.
JP s'endormait lentement, parfois levait une paupière et je le sentais ricaner gentiment. Mais lui aussi avait eu un soir un être moins doux et courtois que ceux qui m'avaient accompagnée lors de ma nuit infernale, une mort noire aux ailes resserrées, assise derrière lui, attendant sagement la fin, sa fin. Et puis aussi, cet ami aimé enterré depuis peu, qui l'avait interpellé un soir à peine endormi, l'enjoignant de "faire attention, très attention" quand seule encore je m'inquiétais de notre enfant tout neuf.
Agnostique je suis, même si j'aime parfois entrer dans les églises, parcourir lentement la nef jusqu'au Choeur, entendre mes pas résonner. Mais cette histoire de tunnel, que mon père explique, en bon neurologue, comme étant un affolement du cerveau alors que tout part en vrille, me plait bien. Du moins cela me plaisait bien jusqu'à la fin de l'émission. Jusqu'à la presque fin, parce que là, un des intervenants a raconté qu'il y avait bien un tunnel qui montait rempli de lumière et d'amour, mais qu'il y avait aussi celui qui descendait rouge et bruyant, plein de terreur.
Et maintenant j'ai peur que mon tunnel soit celui qui descend...
Des années après, alors que je lisais un passage de la Bible, forcée par l'homme qui me séquestrait et promettait de me tuer, il y avait eu ce souffle doux, enveloppant, chuchotant à mon esprit "Nous sommes là, ne crains rien, n'ais pas peur".
Dernièrement nous regardions un truc, ce genre d'émission que l'on regarde un peu avachi, culpabilisant de perdre son temps, émission hachée de pub sur un canal de la TNT, avec retour en arrière constant et vaguement scénarisé, sur les fameuses NDE.
JP s'endormait lentement, parfois levait une paupière et je le sentais ricaner gentiment. Mais lui aussi avait eu un soir un être moins doux et courtois que ceux qui m'avaient accompagnée lors de ma nuit infernale, une mort noire aux ailes resserrées, assise derrière lui, attendant sagement la fin, sa fin. Et puis aussi, cet ami aimé enterré depuis peu, qui l'avait interpellé un soir à peine endormi, l'enjoignant de "faire attention, très attention" quand seule encore je m'inquiétais de notre enfant tout neuf.
Agnostique je suis, même si j'aime parfois entrer dans les églises, parcourir lentement la nef jusqu'au Choeur, entendre mes pas résonner. Mais cette histoire de tunnel, que mon père explique, en bon neurologue, comme étant un affolement du cerveau alors que tout part en vrille, me plait bien. Du moins cela me plaisait bien jusqu'à la fin de l'émission. Jusqu'à la presque fin, parce que là, un des intervenants a raconté qu'il y avait bien un tunnel qui montait rempli de lumière et d'amour, mais qu'il y avait aussi celui qui descendait rouge et bruyant, plein de terreur.
Et maintenant j'ai peur que mon tunnel soit celui qui descend...