mercredi 29 septembre 2010

pas envie c'est tout

Je trouve absolument inimaginable qu'un jour je ne sois plus vivante !

Je suis capable de comprendre plein de truc, mais ça non. L'idée qu'un jour je meurs m'est inconcevable. Je n'ai aucune envie de mourir, aucune. Et plus j'avance dans la vie et plus je trouve que celle-ci est trop courte. Pourtant je vis chaque jour avec l'idée que je suis mortelle, que cet instant ne reviendra jamais, ensuite ? Ensuite le néant. Rien de bien enthousiasmant.

Du coup, l'idée que je risque de travailler quasiment jusqu'à ma mort, même si j'aime toujours autant mon travail, me rend un peu morose. Il me faudrait non seulement cette vie de labeur, mais aussi une vie de voyage, une vie de lecture, une vie d'amoureuse, une vie de sommeil pleine de rêves, en bref, être immortelle et éternellement jeune.
Je suis mal partie pour et ce ne sont pas les deux neuneus qui, hier soir, tentaient de nous convertir via l'interphone aux doctrines des témoins de jéhovah qui y changeront quelque chose.

Bienheureux les chats qui non seulement ont sept vies, mais s'en fichent royalement, pourvu qu'ils aient une couette et des croquettes.

dimanche 26 septembre 2010

La photo de truc


Dr CaSo demandait ce week end, à ses lecteurs du monde entier, de la faire rêver en lui envoyant une photo bien de chez eux.
Quoi de plus représentatif chez moi, que le lac Léman que l'on surplombe du haut du Salève ?

Alors nous avons laissé Chamade à sa sieste, et sommes partis crapahuter, appareil photo dans la poche.

Et maintenant, allez faire avec elle le tour du monde, et si vous le pouvez, apporter votre contribution.

jeudi 23 septembre 2010

à la caisse

D'un coup d'œil c'est cette file qui semble la plus rapide, je stoppe derrière un gaillard qui tient dans la main gauche un litre de sirop de menthe et serre de l'autre la monnaie, devant lui un jeune homme qui soliloquait tranquillement tout à l'heure lorsque je l'avais croisé juste avant d'entrer dans le Monoprix. Il a juste deux canettes de thé à la pêche. Sur le tapis, la jeune caissière, blonde, deux piercings dans l'arcade sourcilière, passe un à un les articles devant la cellule qui couine sagement. Un shampooing brunette, un sachet de coton à démaquiller, un saladier transparent... une jeune femme et sa mère emballent les objets tout en bavardant. Pas un mot, le brouhaha calme d'une fin de journée dans un supermarché, à la caisse du fond un petit garçon fait une colère. La caissière regarde les tickets s'imprimer, détache celui qu'elle range dans sa caisse, tend les deux autres à la jeune femme, la file s'ébroue en silence.
Je pose mes deux paquets de café, ma bouteille de lait, du bourru que je me réjouis déjà de boire tout à l'heure avec JP, pain, fromages, un petit pot de crème d'asperge. Les deux canettes enregistrées, le jeune homme a tendu son petit tas de pièces, la caissière imperceptiblement a blêmi, dans le creux de sa main gauche repose maintenant les pièces dorées. Deux canettes à soixante quinze centimes, un petit tas de pièces de vingt et cinq centimes. De la main droite elle commence à compter, ses lèvres bougent en silence, on attend, statiques, les mouches volent. Elle compte, chuchote maintenant, vingt, quarante, soixante, elle pose une à une les pièces devant elle, la panique lentement monte dans son regard perdu, quatre vingt, elle repose une pièce, se concentre. Un regard interrogatif au jeune homme qui la regarde gentiment. Si si lui dit-il, il y a bien l'appoint, elle reprend son décompte, tourne, retourne les pièces de vingt centimes, s'arrête affolée devant les deux pièces de cinq centimes, un ange passe. D'un geste elle repose toutes les pièces, sept de vingt centimes et deux de cinq. Elle se concentre, ébahie je me retourne, croise le regard déconcerté de mon voisin, on se sourit, le calcul a repris, lentement, elle murmure vingt, quarante, soixante, quatre vingt... à la cinquième pièce maudite c'est toute la file qui en chœur, riant clame, "Et cent, cela fait un euro !". Elle rougit violemment, rassemble le petit tas, le range dans la caisse, à ses yeux on comprend qu'elle ne sait toujours pas si le compte était bon, le jeune homme si gentil déplore le stress qu'il a involontairement provoqué, sans un mot elle s'empare du litre de sirop. Deux euros quarante neuf dit-elle d'une voix blanche, mon voisin contrit lui tend trois euros et la file soupire.

lundi 20 septembre 2010

Fils rouges

Longtemps après nous retrouvions encore des fils rouges accrochés négligemment autour des vannes des radiateurs. Rouges, moulinés, d'une dizaine de centimètres, frissonnants légèrement à notre passage.
C'était dans la grande salle de séjour, donnant sur le chemin, à l'ombre des sapins. Fenêtre ouverte, au loin parfois le beuglement d'une vache, les glouglous d'un dindon, il était assis là, sur le banc, coude sur la table, sérieux, ailleurs, il construisait ses anches.
Dans le verre reposaient les roseaux. Juste avant il avait coupé, un à un, même longueur, ces fils rouges que nous retrouverions après sa mort, comme un ultime adieu, et dont il entourerait, avec délicatesse, deux tronçons de roseaux taillés et grattés lentement, lentement, le regard presque flou.
L'image figée, ses cheveux blonds, légers, longs et bouclés, que le soleil faisait briller comme auréole. Il penchait la tête, sifflotant, de ses longs doigts de hautboïste il tricotait ses anches, et les posait l'une après l'autre, sur le velours vert de la petite boite recouverte de cuir.
La boîte pleine, il rangeait ses roseaux, son fil, ses instruments, un à un, dans une autre boîte en cuir, noire élimée, qui ne le quittait jamais. Puis il assemblait son hautbois, morceau par morceau, l'instrument se créait, à chaque fois, chaque jour. Il commençait ses gammes, non sans avoir choisi, longuement, en la tétant doucement, concentré,  l'anche parfaite qu'il venait de créer.
Dans le rayon de soleil, éclairant le plancher, rasant le bouquet posé dans l'encadrement d'une fenêtre, il devenait hautbois, dansait dans le son qui naissait de ses lèvres, Cimarosa enchantait nos dimanches.

Cette nuit encore et encore, il est mort depuis vingt sept ans.


mercredi 15 septembre 2010

Se décider.

J'ouvre les yeux, il fait nuit nuit, pas une fenêtre allumée en face, je tends mollement la main, très mollement, un gargouillis de miaulement accompagne ce geste qui me trahit, oui je suis réveillée, non je n'ai pour l'instant pas envie de me lever pour caresser la bête qui ne vit que d'amour et de croquettes, je veux juste savoir l'heure, savoir si cela vaut vraiment la peine que je tente de me rendormir. Cinq heures ! Trop tôt, trop tard, je traînerai encore au lit une demi-heure, puis, toujours accompagnée de la bête qui maintenant miaule franchement, je me dirige dans le noir, vers la cuisine.

Mi-semaine, qu'ai-je fait ?

Encore au chaud, lumière éteinte, le très bref bilan que j'ai fait de ces premiers quinze jours sans enfant est plutôt pauvre. Lessive, courses, papiers administratifs à remplir, boulot, dodo, quelques films et séries, lectures de blog, rien de bien glorieux et transcendant. Il faut que je me secoue !

Alors, dessous la couette m'est venue la certitude que sans programme établi, je risquais fort de laisser filer les jours, assise au bord de ma vie.

Je vais donc me concocter un emploi du temps !

Bonne idée me suis-je dit en sautant du lit, me reste plus qu'à l'élaborer.

lundi 13 septembre 2010

à chaque fois réapprendre...

Le grand sac déborde de pommes, de sachets de pâtes diverses et variées, de boîtes de conserve, pots de gomasio, slips et chaussettes neuves, vitamines, dentifrice, linge propre et repassé par mes blanches mains, il m'embrasse rapidement, son train est certes dans une heure mais il veut vite rejoindre un copain qui partira avec lui.
Nous plaisantons, je joue la mère juive qui essuie furtivement une larme imaginaire, la porte claque et BOUM le grand vide au creux du ventre.

Cette fois-ci les larmes qui fleurent mes cils sont bien réelles.

Et c'est à chaque fois pareil, avec l'une, avec l'autre, une sorte de pré deuil de ce que sera ma vie là haut, sans eux.

Je le sais, je me connais, demain ou après demain, tout ira mieux, la vie aura repris sa course vive, je rirai avec mes collègues, je ferai des projets, mais ce soir, le vide est là, remplissant tout.

vendredi 10 septembre 2010

un seul être vous manque

C'est l'hiver, elle a très chaud, son bureau surplombe la baie des huitres dans laquelle aucune huitre ne se prélasse, le lagon au loin l'invite à la baignade.

C'est la fin de l'été, il pleut, le jeûne genevois rend notre ville impraticable, bouchons à n'en plus finir, locataires en pagaille à l'accueil. Le lac Léman n'a plus que les cygnes et les perches pour s'y plonger.

Hier soir, vers vingt heures le petit machin poilu noir a retrouvé sa joie de vivre, son amoureux a débarqué. Dix jours qu'elle l'attendait, dix longs jours. Je crois bien que l'amoureux était lui aussi très content de la voir, même si, à Grenoble, le chat du voisin lui rend visite, s'installant un peu plus chaque jour dans cette nouvelle aire de jeux, spacieuse.
Toute la soirée elle a manifesté sa joie immense de le revoir, sautant, courant, le suivant comme son ombre, une ombre vive, débordante de bonheur.

Pendant ce temps la machine à laver tournait.

mercredi 8 septembre 2010

automne

Prémices d'automne, esseulé sur le goudron, attendant ses semblables, sous la pluie.

des bestioles et des hommes

Que fait Chamade lorsqu'on lui offre un nouvel arbre à chat ?
Elle l'apprivoise en le caressant puis s'y endort. Voilà. Et si ce n'est pas le bonheur, cela y ressemble fortement.

Du côté de chez C., les bestioles qui l'accompagnent à son réveil ne miaulent pas, non, elles crapahutent dans la cuvette des toilettes. Et je frémis en lisant sa découverte d'une blatte, se débattant dans la cuvette, vaillamment, s'accrochant aux parois lorsqu'elle tire la chasse. Heureusement il y a aussi des "moutons" soit tout animal broutant, des poules, quelques vaches et les crevettes servies au restaurant ont la taille d'une grosse langouste (l'assiette de crevette se résume donc à deux spécimens amplement suffisants).
C'est l'hiver, les bégonias sont en fleurs, il fait doux, presque trop chaud parfois et il pleut, de bonnes grosses averses brutales. Il ne lui reste plus qu'à trouver une maison avec l'adsl et ses 256 Ko, elle a déjà son téléphone, un ordinateur sans accent, bientôt l'eau chaude...

G. aussi a enfin de l'eau chaude. Ils ont réussi à prendre rendez-vous avec le chauffagiste, il ne leur manque plus que le téléphone, le réfrigérateur, la rentrée elle, a bien commencée.

Chamade se fabrique de nouvelles petites habitudes, si vitales à la gente féline. Elle abandonne le lit de G. pour accompagner mes rêves à deux pas de mon lit. Elle s'éveille gaiement à six heures, oubliant ses longues grasses matinées d'antan, puis, alors que je pianote sur le portable, se perche sur la table à repasser et regarde le jour se lever, quêtant au moindre regard que je pose sur elle, une caresse réconfortante.

Et comme chaque jour depuis trois semaines, à six heures cinquante un chien aboie, faisant résonner dans la cour son mécontentement au départ de son maître.

Il est temps que je me mette au repassage !

mardi 7 septembre 2010

résistance effilochée

Pas un jour sans qu'en arrivant devant la cafetière je n'y trouve des croissants, du chocolat, des bonbons, ou le fameux gâteau de Madame Grand'champ si moelleux, aux amandes, avec ce qu'il faut de framboises pour se dire que l'on a déjà un fruit à cocher sur la liste du bien manger. Pas un jour de répit.
Je les regarde, dédaigneuse, aujourd'hui c'est non ! Et je repars muni de mon mug rempli de café, tranquille, sans succomber. 
YES !
Déjà je croise une ou deux collègues, la bouche pleine, tenant d'une main un petit pain, de l'autre un document à faxer. Je m'assied, tape mon code d'accès au logiciel, la journée commence bien, je n'ai pas craquée... pas encore...
Premier coup de fil, première fuite, de l'eau sur le carrelage, arrivée inopinément durant la nuit, de nulle part. Quelques questions, précisions, vérifications, plombier mandaté, hop c'est bon et je continue le nez plongé dans un dossier, les petits pains sont loin, oubliés.
Mug vide, je vais tranquillement le remplir, café léger et paf ! les croissants, affriolants, affolants... je suis forte, mes lascars... je repars, mug plein, bouche vide YES YES YES.
Zen, jusqu'au bout des cheveux j'ignore Samuel, qui croque avec gourmandise son petit pain brillant, ne rien dire, ignorer le démon qui minimise l'exploit que j'accomplis. 
Un petit pain qu'est ce don' ? C'est NON !
Deux heures et deux cafés, la vie est belle, presque belle, belle oui mais... Je raccroche, celui-ci hargneux a bien failli mettre ma zénitude en bouilli, parfois j'aimerais être une boîte vocale - Vous appelez pour un dégât des eaux taper 1, vous appelez pour un voisin pénible taper 2 ... et voilà le petit carré de chocolat qui me titille les papilles RÉSISTE !
C'est bon il est midi, en courant je quitte le bureau, dans la voiture plus de tentation, juste un chewing-gum histoire de patienter jusqu'à la maison. Hop hop hop escaliers montés, ouverture du frigo, vite vite réchauffer mes bons légumes d'hier soir, pocher un peu de cabillaud, un verre d'eau, morceau de pain DÉ-COM-PRE-SSER pour un peu je danserai d'avoir su si bien résister toute la matinée.
Et puis je repars au combat, peut être que depuis tout sera avalé, broyé, digéré ?
Le bureau entre midi et deux, lumière tamisée, sons étouffés... Allez un dernier café.
MAIS QUI A APPORTÉ L'ÉNORME PLAQUE DE CHOCOLAT ? posée là devant la cafetière.
Ludivine rigole. J'étais à Migros, Garance en rêvait.
Tu es pire qu'une anorexique, vilaine tentatrice !
J'abandonne l'odeur suave. - Tu sors de table, tu n'as pas faim, Zermati le dit, tu ne grossis QUE si tu manges sans faim... Certes certes !
14 heures, la journée file, sans temps mort, la pile de dossiers se vide, le tout c'est de rester zen, ne pas se faire bouffer par l'agressivité des locataires, des propriétaires mais surtout ne pas succomber, ne pas succomber, ne pas... allez juste un tout petit carré, juste un, c'est rien un tout petit carré.
Je mollis, je le sens que je mollis, encore deux heures et le besoin d'un thé vert à la menthe me conduit devant la plaque de chocolat où se bat en duel deux carrés échappés au massacre. Juste un Valérie, qui fond dans la bouche, pour te récompenser de n'avoir pas craqué.
Un seul, qui fond doucement sur la langue, alors que je regagne extasiée ma place.
ZUT encore une fois je n'ai pas résisté et lentement je transforme ma silhouette en tonneau qui bientôt roulera au moindre vent léger !

lundi 6 septembre 2010

doucement

Maintenant il fait totalement nuit lorsque le réveil sonne. Chamade doucement se met à mon rythme, finies les grasses matinées collée à son adoré, elle s'étire longuement en défroissant ses yeux lorsque je me lève, me suit en miaulant, cherchant la caresse qui calmerait cette absence.
C. est sur sa petite île depuis hier matin. Pluie et soleil se succèdent constamment, c'est l'hiver, il fait bon, elle nous dit les couleurs paradisiaques de son nouvel univers. En avril vous viendrez, écrit-elle dans un mail, fêter ton anniversaire.D'ici là elle aura trouvé la maison de ses rêves.
Pour G. c'est aujourd'hui la vraie rentrée. Il fera ses études dans un hôpital, et déjà je tremble à l'idée qu'il croise des bactéries résistantes.
Pour moi, quinze jours encore de travail pépère avant que Samuel ne se fasse opérer et que me retombe sur les bras la charge de son poste pour je ne sais combien de semaines. J'ai prévenu, mais serais-je entendue ?, qu'il me faudra de l'aide.

dimanche 5 septembre 2010

de tout de rien

Machinalement j'attrape le petit carré de coton effiloché, cherche le pot en verre dans lequel somnole le levain pour le recouvrir, protéger des poussières ce petit pâton vieux de plus de deux ans.  Bref instant de solitude... pot vide...
Alors j'éclate de rire, moi qui me croyais tellement détendue alors que ma fille prenait son envol pour Rodrigues, que G. montait dans le train pour sa nouvelle vie à Grenoble, ce jour là j'ai cuit toute la pâte, rien prélevé, plus de levain !
Eh bien il ne reste plus qu'à en redémarrer un, ce que je fais aussitôt. 
Et déjà ce matin quelques petites bulles crèvent la surface fleurant bon cette petite odeur de levure.

C. est arrivée très tôt le matin du 2 septembre, je dormais encore profondément. Au réveil j'ai attrapé l'iphone, vérifié qu'aucun avion ne s'était écrasé, poussé un OUF de soulagement et fait mon café, Chamade collée dans mes jambes. A sept heures le réveil a sonné, pas de FK à donner, je l'ai désactivé, maintenant c'est vraiment lui qui se prend à cent pour cent en charge. Il reste juste à mettre au point le changement d'hôpital pour le suivi de la greffe, régulariser aussi le dossier avec la LMDE, quelques petits pétouillages qui je l'espère vont vite se résoudre.

J'attends que mon tout nouvel ordinateur, qui est mourut cet été après à peine quatre mois d'existence, revienne de réparation. J'avais heureusement sauvegardé photos et compta, mais j'ai perdu quelques liens de blogs et, puisqu'apparemment c'est le disque dur qui est mort, je vais devoir creuser mes méninges pour retrouver qui j'avais repéré et suivais de loin en loin. J'ai aussi compris, hier, pourquoi mes photos étaient de si piètre qualité. Quelqu'un avait trituré la définition choisie et mis la plus basse possible, du coup j'avais totalement perdu le goût d'en prendre, déçue de ce que me renvoyait l'image par rapport à mon souvenir de l'instant.

Je lis, beaucoup, assise au soleil, profitant de l'été qui passe si vite. Les marrons sonnent le début de la fin, décidément j'aime le soleil, la chaleur, le ciel bleu !

vendredi 3 septembre 2010

père et fille

Il y aura le père me dit-elle, alors que sac en bandoulière et clefs en main je viens les prévenir que je file à l'état des lieux.
Malheur ! Je m'arrête un instant, m'accoude au comptoir, soupire. Le père ! Voilà des palabres en perspective. Rien de pire que les parents qui me font noter jusqu'à la mouche qui volète mollement dans le séjour.
Moins légère je dévale l'escalier.
Cet appartement dont le jeune locataire est parti sans laisser d'adresse, laissant des parents morts d'angoisse, m'a déjà donné du fil à retordre. Il a fallu en urgence mandaté un huissier, puis trouver une entreprise de nettoyage qui rendrait un aspect plus salubre à cet antre. Faire changer les serrures, réparer la plomberie, et maintenant, l'état des lieux avec le père et sa fille.
Je suis à l'heure, ouf, en passant devant l'immeuble je les vois, l'un et l'autre, entourés de sacs et petits meubles, sur le trottoir, pourvu qu'il y ait une place sur le parking arrière. Je claque la porte, respire un grand coup, c'est parti mon kiki !

Bonjour !
Ils sont tendus, souriants. Le père a une bonne gueule, nous grimpons l'escalier, la fille toute rougissante, muette, jeunette. Loin de l'andouille que l'on m'a décrite, une gamine qui s'émancipe, qui adore son papa c'est tout.
L'appartement est propre, sans plus. Les murs sont blancs, quelques traces, j'arpente lentement les pièces, note le plus précisément trous, taches, chocs, lentement, l'écriture la plus lisible possible. J'ai trouvé un stylo très fin, moi qui adore faire de gros pâtés, très fin mais qui me donne tout de même la souplesse que j'aime.
Le père et la fille m'écoutent énumérer ce que je constate, opinent sans mots dire, ils suivent sagement.
Je donne quelques conseils de ménage, connaît-elle la région ?
Je les mets en garde pour la porte d'entrée. De dehors sans les clefs on ne rentre pas ! Toujours avoir sa clef avec soi. C'est important, dès l'instant où je donnerai les clefs, si cela vous arrive, l'ouverture de la porte sera à votre charge.
Nous avons presque terminé, la cave a été vue, il suffit maintenant d'identifier toutes les clefs, les compter, puis nous signerons les documents. Je prépare le trousseau des clefs indispensables pour accéder à l'immeuble et l'appartement, verrou et serrure, je les donne à la fille. Mettez les dans votre poche, comme cela aucun risque de vous retrouvez dehors. Elle rit un peu bêtement.
Bon emménagement.
Au revoir.

Je viens de m'asseoir au bureau, le temps de me laver les mains, faire pipi, plongée dans un dossier je ne fais pas vraiment attention à l'agitation autour de moi. Ludivine et Samuel sont hilares. Je saisie au vol une histoire de porte fermée "Ils se sont enfermés dehors, tu verrais le père." Elle rit de plus belle. "Elle est pas finie ça c'est sûr".
Je lève les yeux, interroge. C'est quoi cette histoire de clefs ?

Tu sais, ceux que tu viens de faire rentrer... la fille elle a laissé les clefs à l'intérieur !

jeudi 2 septembre 2010

Maaouuuuuu ??

Mais viens voir, viens voir ! semble t-elle me dire, la queue toute droite, plantée sur ses quatre pattes, attendant que je la suive. J'empoigne le mug rempli de café, quitte la cuisine, elle tourne la tête pour vérifier si je suis bien derrière "Viens voir " impératif, elle tourne à droite... je vais à gauche, dans le bureau. Du coup elle ne sait plus, la chambre sans son chéri lui est étrangère, vide, et moi qui ne fais rien... perdue elle se baisse sur ses pattes, elle attendra, je le sais, jusqu'à ce qu'il revienne. Cela fait maintenant deux mois que régulièrement il ne rentre pas la nuit, mais au petit matin, toujours, il déboule, poussant son vélo, hagard plonge dans son lit pour récupérer d'une nuit blanche et joyeuse.

Hier, allongée dans son hamac, elle a suivi  des yeux, inquiète, la confection des bagages. La sortie des valises est si souvent le prélude aux voyages, elle n'aime pas les voyages. Et puis il y a cette chambre où manque l'agréable foutoir rempli de cachettes, l'absence de C., l'air où flotte indéniablement le changement, changement d'ère. Non vraiment, cette fois-ci quelque chose s'est passé...

Hier mes deux enfants quittaient le nid.