mardi 6 décembre 2016

La nuit si fragile


Il faisait nuit, une nuit très étoilée, les étoiles brillaient dans le ciel noir et nous étions assis en haut d'un talus, un très haut talus. Je serrais mon enfant dans les bras,  JP était un peu plus loin, debout, il discutait avec quelqu'un.
Nous regardions le ciel, ce si beau ciel étoilé, enveloppés dans cette paix tranquille.
Un avion est passé au dessus de nous, sous la carlingue était accroché un paquet rouge et or, enrubanné, il volait assez bas et l'enfant a levé les yeux émerveillé, nous l'avons suivi des yeux, tout était si calme.
L'avion s'est mis à piquer du nez et je me suis levée inquiète, je tenais mon enfant dans les bras et nous avons vu alors comme des petits nuages qui semblaient s'élever des immeubles en contrebas. Je cherchais des yeux l'avion et brusquement j'ai vu des petites étoiles dans les nuages, autour des immeubles, et nous est venu alors le son de tir de Kalachnikov.
En une seconde j'ai compris, serrant mon enfant dans les bras j'ai dévalé, glissé sur les pieds, le talus. Ce si haut talus. En bas j'ai couru, couru, couru et je disais à mon enfant, tu ne parleras plus, tu ne diras rien, on va se cacher et tu te tairas, on va se cacher pour qu'ils ne nous tuent pas. Des silhouettes nous dépassaient, certaines me touchaient le dos, comme pour m'aider à avancer plus vite, je courrais l'enfant muet dans mes bras. Parfois j'étais touchée par des pierres, des petits cailloux ? Un homme a crié assez près Allahou akbar.
Nous sommes arrivés devant une porte, un homme armé en uniforme nous a attrapés et jetés dans le noir, un autre homme plus âgé nous a pris en charge et nous a demandé de nous asseoir derrière une étagère. Cela bruissait derrière nous, en jetant un oeil j'ai vu que nous étions dans un cinéma, sur les sièges rouges des hommes étaient assis, attendaient. La bande son d'un film passait, l'écran était noir.
Et puis d'autres personnes sont arrivées, le vieil homme m'a dit de me déplacer, plus près du mur, de l'entrée, des tirs que l'on entendait toujours. J'ai eu l'air apeuré, il a souri et m'a dit "vous voulez rester assise là parce qu'il y a un arc en ciel, pour le petit ?" Et j'ai vu alors que nous étions assis sur des dessins au sol. Mais je me suis levée et assise à côté de deux femmes qui papotaient, un petit garçon entre elles. Il a regardé en souriant mon enfant et a engagé la conversation, mon enfant était muet, sagement il se taisait. J'aurai voulu que tous le monde se taisent, que l'on ne soit pas repérés.
Je me suis réveillée, dehors il faisait nuit...

Sur mes pieds Chamade dormait profondément, dans son univers de rêve, la nuit était si calme, j'ai pensé à Alep...

2 commentaires:

Calyste a dit…

J'y ai cru un moment.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Jusqu'au paquet cadeau sous l'avion :)