samedi 31 janvier 2015

Mes petits vieux

Depuis six ans que je me coltine des locataires hargneux, loin d'être majoritaire heureusement, je me suis blindée et accède rarement à leurs exigences non justifiées.

Il y a tout de même une catégorie qui me fait fondre, à laquelle il m'est très difficile de résister, même si la demande est faite agressivement, c'est celle de mes petits vieux.

Mamie Chouquette qui rend la vie impossible à son banquier que j'ai régulièrement au téléphone, proche du burn out, est de celle là.
J'en ai héritée lorsque plus personne de l'agence ne voulait la prendre au téléphone, elle a atterrit un jour sur le mien et depuis je suis son interlocutrice patiente et souriante.
Mamie Chouquette à 91 ans, elle me le rappelle à chaque appel, Mamie Chouquette perd un peu la tête et cela m'attendrit. Une petite bonne femme, seule dans sa montagne, que je n'ai jamais rencontrée, mais que j'imagine fragile malgré sa voix de stentor.

Bien sûr, certains petits vieux me font soupirer d'impatience lorsqu'ils me traitent d'incapable, de voleuse ou autres noms d'oiseaux, mais il me suffit d'un souffle hésitant au bout du fil, d'un regard un peu perdu entre deux phrases, et instinctivement j'ai envie de les câliner, eux qui ont déjà tant vécu.

J'ai des bouffées de tendresse, des larmes intérieures de les savoir si démunis dans cette vie qui va si vite et qui les oublie.

Et si d'une parole souriante je peux leur donner un instant de douceur, ma journée en est immédiatement ensoleillée.

Mon petit bonheur égoïste !


jeudi 29 janvier 2015

de cette nuit

Que reste t'il accroché dans ma mémoire, de cette nuit du 28 janvier 1983...

Les flocons brillant sur sa veste en mouton doré, déposés par la bise folle et glacée
Un lampadaire sous lequel ma vie brutalement venait de se fracasser
L'arrêt de mon coeur, la décharge d'adrénaline qui mettrait ensuite plusieurs jours à s'éliminer
Ce cliquetis de clefs longtemps source d'angoisse lorsque quelqu'un courra derrière moi
L'écharpe qu'il serrait pour m'étrangler, sous les fenêtres de gens tranquillement au chaud par cette nuit d'hiver
La longue longue marche dans des champs de terre, mottes instables, pistolet au creux des reins
Et puis l'enfermement, l'horreur d'être séquestrée, des heures
La lourde bible dont je tournais page après page, le papier léger et flou, ne pas le contrarier
Le 45 T qu'il fracasse de rage après que l'on ait écouté "je l'aime à mourir"
Se déshabiller dans cette salle de bain crasseuse, lui attendant à côté, enfiler avec un haut le coeur la chemise de nuit couverte de taches
Et puis les viols, moi absente, ailleurs, loin, mourant dans ma tête

durant des semaines, des mois...




mercredi 28 janvier 2015

Des convictions plus légères qu'un porte monnaie !

C'est Monsieur Leroy pour toi

- Monsieur Leroy, bonjour

Ecoutez Valérie, je m'absente trois semaines et je voulais savoir avant si vous aviez eu le deuxième devis de peinture
- Ah oui, je crois qu'il est arrivé hier soir par mail, je vous l'envoie par fax si vous voulez, dans la journée
Non, j'suis pas au bureau, il est à combien
- Attendez, je l'ouvre... quatre mille cinq cent soixante six euros cinquante quatre
MAIS C'EST DINGUE !! Pour un deux pièces ?!?
voix suave, petites fleurs, miel dans ma bouche - Monsieur Leroy, si j'avais choisi Hassan El Fassi c'est bien parce que non seulement il travaillait très bien mais qu'en plus ses tarifs étaient particulièrement bas.
Ah...silence... il travaille bien vous dites...
Antoine se tourne vers moi, sourit, fait mine de charger un fusil à pompe
- Mais Monsieur Leroy, je ne travaille qu'avec de très bons artisans. Il a déjà refait plusieurs appartements, parfaitement, je vous l'ai dit - PAOUW Antoine a tiré, dans le mille. On se marre en silence
Ah... bon... Bon ben... Bon ben j'vais prendre celui à 2 946 alors, je dis à ma secrétaire qu'elle vous le confirme par fax
- Très bien Monsieur Leroy presqu'en chantant... j'attend la confirmation et fait démarrer les travaux grand sourire

Bonnes vacances Monsieur Leroy !




lundi 26 janvier 2015

Dans la vie

Cela fait quelques années déjà que le vendredi est jour de brioche aux pralines pour mes gourmandes collègues. Depuis quelques temps, je la confectionne dès potron minet, et la dépose encore tiède sur la table de notre petite cuisine.
Le dimanche c'est le jour du pain de Garance, sans sel et aux graines multiples, qu'en général je vais lui apporter dans la soirée où que son chéri vient chercher le lundi au bureau.

Hier soir, un peu angoissée de la retrouver après trois semaines d'absence dues aux vacances et ennuis intestinaux m'empêchant d'y aller, j'ai retrouvé ma Garance.

Cette fille est immortelle !

Resplendissante dans son boubou, le cheveux dru, elle semblait avoir effacé ces mois où le moindre mouvement l'épuisait et le regard flou cherchait dans le brouillard.

L'esprit vif, nous avons bavardé sans discontinué, deux vieilles copines se racontant leurs vacances.
Et c'est dans conversation qu'elle m'a parlé de sa rencontre avec un praticien exerçant dans la région de Chambery, qui lui avait fait un bien fou.

Je chantais Valérie, tu te rends compte je chantais en sortant de chez lui.

D'une phrase "Vous savez Garance, vous allez vivre encore un moment, vous n'êtes pas condamnée à court terme..." Il l'avait remise dans la vie.

Et depuis Garance chante, lit, rit !

jeudi 22 janvier 2015

Bibendum

On ne choisit pas sa famille certes, mais on choisit ses amis.

La famille, du moins la mienne, malgré certaines tensions, petites chamailleries, incompréhensions, est une bonne famille, où l'on peut être en désaccord sans tout de suite être jugée, rejetée. 

Les amis, si l'on s'en éloigne vraiment trop, peuvent prendre la tangente, sans guerre inutile.

Mais les clients, les collègues de bureau, ceux là on ne les choisit pas ! C'est quelquefois usant.

Pour ce qu'il en est de mes collègues, en ce moment, rien à dire. Je retrouve la majorité avec plaisir chaque matin. Ma toute nouvelle compagne de gérance est très très pro, qui plus est de ma génération exceptionnellement et cultivée. J'attend sans crainte celle qui va remplacer Antoine. De ce côté là, c'est l'essentiel. Les quelques-unes avec lesquelles je n'ai aucune affinité sont dans d'autres bureaux et il nous suffit de nous saluer poliment le matin.

Le plus difficile à supporter sont les locataires et les propriétaires. Ceux que j'ai au téléphone en permanence, qui se permettent d'aboyer, d'injurier, de mépriser sans aucune retenue. Les pires qui débarquent à l'agence prêts à en découdre avec les poings s'ils le pouvaient. 
Les propos racistes qu'ils faut écouter, mais que l'on ne peut pas systématiquement contrer, les accusations de toutes sortes (voleurs, incapables, française et pour certains le seul fait d'être une femme ne leur attire que mépris et dégoût...)

Le yoga m'a apporté un peu de sérénité bienveillante, le shiatsu fait merveille, mais rien à faire, le soir je craque et me réfugie dans la bouffe rassurante. Petit à petit l'aiguille de la balance penche à droite et je me désespère de reprendre un jour forme humaine...

J'en suis à me demander si je ne vais pas investir dans une jolie collection de draps qu'il me suffira de trouer au centre pour y glisser ma tête afin de tranquillement continuer à me bibendumiser

lundi 19 janvier 2015

ouf les voeux


JP avait non seulement terminé de faire la carte de voeux lundi 5 mais il avait aussi tout imprimé mardi 6. Pour une fois il était dans les temps, j'avais même acheté les enveloppes de couleur assortie vite vite mardi soir en sortant du travail, loupant de ce fait le yoga.
Mercredi 7 tout était près, rien d'intéressant à la télévision, pas de livre dont on ne peut se détacher, soirée parfaite pour écrire tranquillement et puis... pop pop pop comme dirait Sigolène Vinson...
Envoyer des voeux qui curieusement sonnaient prémonitoirement, il m'a fallu plusieurs jours pour en retrouver l'énergie, il fallait aussi rajouter un petit mot signalant que ce dessin avait été fait avant ce jour terrible, qu'il ne s'agissait pas d'opportunisme. 
Mais voilà c'est fait, me reste encore quelques cartes et enveloppes pour le cas où j'aurai oublié quelqu'un*
J'y ai passé l'après midi d'hier, le matin consacré à faire tout ce qui était resté en plan à partir de ce jour funeste.

La vie reprend son cours, dans quinze jours Antoine quitte l'agence, encore un cadeau à trouver pour lui dire au revoir, une nouvelle collègue prendra sa place.
G. termine son séjour à Angers et partira rejoindre sa soeur pour deux mois en stage à Anjouan.
Ma mère fait maintenant le tour de son lit DEBOUT.
Tout à l'heure le mari de Garance passera chercher le pain que je lui ai fait...

La vie continue

* Il me manque des adresses de copains blogueurs, dans le sud ou a Paris, partis vers là haut ou cachés dans leur montagne suisse... j'dis ça j'dis rien, mais si vous voulez nos voeux va falloir me les communiquer

vendredi 16 janvier 2015

un peu de quotidien

J'te passe Monsieur Leroy me dit Laura la petite nouvelle.

Va pour Monsieur Leroy, le fameux propriétaire qui me répond lorsque je lui parle de travaux à faire dans ses appartements "C'est déjà gentil de ma part de leur prêter un logement moyennant un petit dédommagement..."

Bonjour Monsieur Leroy, comment allez vous, bonne année puisque je ne vous ai pas encore eu.

Bonne année oui, on en a bien besoin hun hun
Dites voir, c'est quoi ce mohamedbenmachin que vous avez choisi comme peintre, moi j'en veux plus des mohamedmachinbenpouetpouet hein, vous allez arrêter de travailler avec ces voleurs qui foutent rien et qui feraient mieux de retourner vite fait chez eux et

froidement - Monsieur Leroy ce jeune peintre travaille très bien, je lui ai déjà fait refaire deux appartements, il fait du très bon boulot, très professio

Nan j'en veux plus de ces mecs, j'en veux plus, c'est comme des gens du voyage, qu'ils foutent le camps, ils nous emmerdent, je veux du français moi, du qui travaille. D'ailleurs ici dans la boite on en a plus un on en veut plus, ARRETEZ DE TRAVAILLER AVEC CES GENS

Monsieur Leroy, je travaille avec des artisans compétents et honnêtes, ce jeune démarre et travaille très bien

NON trouvez moi un gars de chez nous, plus jamais vous m'envoyez ceux là dans mes appartements, j'veux plus d'ces

sèchement - Je vais demander à Dominique Chapuis, c'est également un bon peintre, je vous envoie le devis dès que je l'aurai, au revoir Monsieur Leroy.


jeudi 15 janvier 2015

Bonjour Philippine

L'autre jour, alors que nous parlions d'un locataire né aux Philippines, m'est revenu brusquement un souvenir d'enfance.

Nous avions, lorsque nous étions petits, une coutume en mangeant des amandes. Dans cette lointaine époque, les amandes ne se vendaient encore qu'en coque, qu'il fallait donc comme pour les noix, casser avant de pouvoir les déguster. 
Nous espérions tous y découvrir des amandes jumelles...

Celui qui trouvait ces deux amandes blotties dans une seule coque, offrait à l'autre une des amandes et ils devaient alors, en même temps, la déguster. Ainsi débutait le pacte.

Le lendemain, le premier qui disait à l'autre "Bonjour Philippine (ou Philippin) se voyait offrir par l'autre, un cadeau !

Je me souviens de l'excitation qui m'empêchait de m'endormir et me réveillait aux aurores, surtout être la première ! Et quelle joie lorsque mon bonjour philippine laissait l'autre bouche bée.

Les parents étaient souvent, toujours, le Philippin de choix. Quel sentiment exaltant d'être pour une fois le plus fort, réduisant mon père ou ma mère à nous féliciter et nous offrir un petit cadeau si précieux. 

Parce que bizarrement, les enfants à ce jeu là, étaient toujours vainqueurs !

mercredi 14 janvier 2015

Hélas...

Mercredi... une semaine déjà...

Et durant ces sept jours nous avons vécu un peu hors du temps, hébétés d'avoir perdu d'un coup d'un seul tant de rires et d'intelligence.

Bien sûr nous nous sommes abonnés comme des milliers d'autres à Charlie, moi qui préfère aller en kiosque acheter mes canards. Il fallait ce petit geste pour dire combien nous soutenions ceux qui restaient, combien cet obscurantisme nous faisait horreur. Mais la peine immense ne peut se dissoudre, il va une fois de plus falloir faire le deuil d'un humour assassiné. 

Nous avions déjà fort pleuré Desproges abattu par un cancer traitre et crétin, Reiser qui avait fait nos délices des années durant. Perdre Charb, oui Charb qui pour moi est déjà dans le Panthéon des humoristes, et Cabu qui loin de ces grands duduche découverts dans "Pilote bon dieu Mâtin quel journal", me régalait dans Charlie que je lisais déjà avant qu'il soit mort, bien avant, perdre ces deux zozos en plus des deux autres... 

J'avais un peu abandonné l'hebdo lorsqu'il y avait eu la scission avec Siné, le pataquès avec Val devenu brusquement copain avec ce sale bonhomme devenu président. Mais souvent je l'achetais pour une couverture, juste pour dire merde à la bien pensance, merde à ceux qui savent mieux que tout autre ce qui est juste ce qui est bon.

Jamais, nous disions nous hier soir JP et moi, jamais nous n'avons été choqués par un dessin. Tout ce qui s'écrivait ou se dessinait dans cet hebdo ne nous plaisait pas forcément, je le trouvais chiant parfois, con aussi, mais choqué non. Souvent aussi je préférais nettement les unes auxquelles nous avions échappé, j'adorai je le redis, les affreux Maurice et Patapon dont je pleurerai à jamais leur absence.

Charlie est vivant, tant mieux, et merci à tous ceux qui l'ont chanté dimanche, mais mon Charlie à moi est bien mort hélas.

dimanche 11 janvier 2015

La marche de l'Histoire

Ce mercredi là JP était parti retrouver sa soeur et sa mère à Annecy, seule donc à déjeuner et comme toujours lorsque je suis seule, j'aime le silence,  profiter de cette petite heure pour me plonger dans un livre. Aucun bruit, pas de radio ni télévision, dans la voiture déjà  je n'avais pas allumé France Inter, pas envie cette fois là d'écouter Daniel Morin qui ne me fait guère plus rire, envie de silence, simplement.
J'avais réchauffé le reste de pâtes cuites la veille, ouvert une boite de sardines à la tapenade de la Belle Iloise, et allongée sur le canapé lu jusqu'à treize heures vingt cinq, j'étais en retard.
Pas grave, en entrant dans la voiture j'avais allumé la radio, la marche de l'Histoire était donc consacrée à l'attentat de Charlie Hebdo. D'une oreille distraite j'écoutai Jean Lebrun qui racontait, je connaissais le déroulement... Il parlait... soudain, je prêtais l'oreille, des victimes, mais je n'avais pas le souvenir qu'il y ait eu des victimes, ma mémoire me jouait des tours ? Comme d'habitude dans son émission, il passait un extrait du direct de l'époque, un journaliste racontait les morts, les blessés... Les morts ?? mais... Effroi ! Nous étions en direct.

Je suis entrée dans l'agence ou bruissait tranquillement la petite vie habituelle, ma nouvelle collègue déjà fort affairée, des rires à l'étage, je ne savais pas encore l'hécatombe, juste la mort de Charb. C'est Bruno descendant classer des papiers qui avait murmuré "Y'a aussi Cabu, Wolinsky et sans doute d'autres..."

L'après midi avait passé dans le brouillard, je recevais un propriétaire, des locataires, accomplissant mon travail comme ce jour là en septembre 2001, absente à ma vie.

Le soir en entrant dans la voiture, j'avais pleuré... 

vendredi 9 janvier 2015

9 janvier 1993

Parce qu'il sourit, qu'il rit aussi
Qu'il pleure parfois et qu'il s'énerve
Parce qu'il dort et qu' il ouvre les yeux le matin
Que centimètre après centimètre il en a atteint 185
Que son regard me couve lorsque je suis triste
Que sa main si forte peut se faire tendre en caressant Chamade
Qu'une angoisse peut d'un coup d'un seul le mettre à terre pour mieux se relever ensuite
Parce qu'il sait faire pleurer de rire son cousin en faisant l'andouille dans les rues de Paris
Parce qu'il est la vie

De tout ça je dis merci, merci à ces parents qui, alors qu'ils venaient de perdre leur fils, ont fait le don qui a sauvé le mien.



jeudi 8 janvier 2015

Je suis Charlie

De l'effroyable tuerie d'hier qui m'a tenue éveillée toute la nuit et dont la seule image des rassemblements mondiaux me fait fondre en larmes, c'est le papa de Maurice et Patapon dont je serai à jamais inconsolable.


Maurice et Patapon, ces deux affreux dont l'humour scatologique me fait rire bêtement et dont j'aime souvent découper un comic strip pour le coller sur mon écran au bureau.

De Charb j'aimais le visage d'enfant aux grands yeux de myope derrière ses lunettes, ce côté lunaire, son dessin tout en rondeur et affreusement pas politiquement correct. Souvent je n'achetais Charlie que pour lui, ses couvertures étaient toujours celles que je préférais.

Lorsque hier j'ai compris qu'il faisait partie de l'hécatombe, j'ai été anéantie, projetée dans une sorte de torpeur qui m'a fait avancer tout l'après midi dans une glue de tristesse.

Je ne sais comment lutter contre la barbarie de ceux qui vomissent la liberté et la vie, même si mon premier réflexe était une haine viscérale inutile.

Ce matin je suis encore hébétée, la haine heureusement s'est dissoute dans ma courte nuit, je n'ai plus que la douleur de voir ce monde grignoté par des imbéciles lobotomisés.




mercredi 7 janvier 2015

Et pour finir...

Lorsque tous les volets ont été fermés bien crochetés, que dans sa caisse Chamade entonnait sa sérénade, et que la voiture ronronnait, nous avons refermé la porte de la grande maison, la cheminée fumant encore son léger panache dans le froid sec. Il fallait encore déposer ma soeur à Colmar, entamer la route sous la neige qui deviendrait vite tempête, nous faisant rouler parfois des kilomètres à une allure d'escargot.

Le silence de l'appartement succédant à cette semaine pleine de vie, défaire les bagages, ranger les cadeaux, remplir le bol de croquettes l'autre d'eau fraîche, se brosser les dents, filer au lit pour ne pas être totalement épuisée le lendemain au bureau.

Trois petits jours de travail qui se termineraient par le départ officiel de Ludivine, la traditionnelle tombola de chocolats et champagne reçus par les entreprises et clients, puis les courses rapides chez Picard pour un réveillon sage, avec un JP agonisant d'une gastro, fin d'année presqu'inaperçue...

Quatre jours où j'ai redonné un peu de vie à ce blog, et la promesse de ne plus rester aussi longtemps silencieuse. Mais pour dire quoi et à quel rythme.

S'il n'y avait une résolution à essayer de tenir, hormis celle qui chaque année reste présente mais jamais jamais efficace : perdre enfin du poids et non en prendre comme cela est le cas depuis pfffff... c'est bien d'écrire sur mon blog.

Et toute l'année, pas seulement en Janvier, comme aboutissent toutes les résolutions du nouvel an !

Mais pas tous les jours hein, faut pas déconner non plus...

mardi 6 janvier 2015

Et juste avant, la neige !

S'il est une chose que les cousins attendent chaque année avec impatience et qui avait fait faux bond l'année dernière, c'est bien LA NEIGE !

Aussi lorsque le 27 au matin l'on vit voleter quelques légers flocons, on sentit une fébrilité gagner le trio à peine éveillé. Chacun priant que ce duvet qui ne semblait même pas atteindre les mésanges vautrées dans leurs graines de tournesol, mais qui avait fait que le fauve s'enfouisse profondément sous la couette de la chambre des parents, devienne un gros manteau blanc féérique.


Ce n'est que le soir, alors que lentement la tension était retombée, qu'enfin la vallée et les montagnes environnantes se recouvrirent de blanc immaculé.

Sur la route patinaient les voitures refusant de monter vers le col.

Pour fêter cette neige, V. sortit sa trompette et sous l'oeil émerveillé de sa soeur et de G. il entonna "le temps des fleurs". Alors, éclatant de rire, les trois cousins, à peine couverts, patinant dans la neige, se mirent à danser frénétiquement, alors que V. jouait encore et encore de sa trompette victorieuse tout son répertoire, oubliant le froid et ses mains glacées.


La nuit noire, la neige blanche, je pensai à ma fille qui là bas se baignait dans son lagon, sirotant quelques boissons rafraichissantes.

Le lendemain régnait ce silence doux et magnifique, tout était blanc, nous allions certes quitter cette maison, mais dieu que nous étions comblés par ce cadeau du ciel.


La route qui patine...


Le bois pour l'hiver


La maison sous la neige


Le Séquoia de C.

lundi 5 janvier 2015

Noël

Au programme, chercher le chapon farci, trouver le sapin et le décorer, monter la crèche avec les deux nouveaux santons : un tailleur de pierre et un sanglier.

Petit déjeuner en famille, l'un après l'autre, la tête un peu chiffonnée de s'être couché tard, mais si heureux de se retrouver, la matinée s'écoule en douceur. C'est si rare que l'on ait trois jours pour préparer Noël.

JP monte dans le terrain, une scie à la main, J. ma si jolie nièce, architecte depuis peu, est chargée de mettre en place la crèche, les deux cousins passeront quelques heures à descendre d'énormes bûches pour la réserve de bois que mon frère sciera et rangera sur le beau tas de bois.


On picole, un peu, on rigole, beaucoup et le téléphone sonne. Ma soeur, à notre immense surprise, accepte notre invitation, elle viendra demain en fin de matinée et mon petit frère la cherchera. De Paris les nouvelles ne sont pas trop mauvaises, ma mère ne bouche toujours pas, mais petit à petit mes parents trouvent leur marque dans cette nouvelle vie éphémère nous l'espérons.


De son île chérie, ma fille nous envoie via Facebook, une première photo d'un repas "cochon", saucisson, rillettes, oublié un temps les Comores où cette viande est interdite et où durant une dizaine de jours, elle aussi fêtera Noël et nouvel an chez ses amis rodriguais.


En refermant la maison on se dira que c'était un beau Noël, un vraiment très beau Noël !

dimanche 4 janvier 2015

Préparatifs

Nous nous sommes levés tranquillement, du moins je me suis levée vers huit heures. En buvant mon café au lait, je regardai les oiseaux voleter autour de la fenêtre, faisant une liste des courses pour cette semaine de fête.

Au Cora de Houssen il n'y avait de loin pas la foule des grands jours, je trouvai le moule à Kouglof que ma nièce rêvait d'avoir comme cadeau, de quoi faire le repas préféré de G. et son cousin : palettes à la diable et spaetzles, du vin, de l'eau, je traînai dans les allées... faire des courses mais pour combien ?

Après Cora, Picard où je trouvais la fameuse forêt enchantée sous sa cloche, les montagnes de chocolat avec son lac noir, le foie gras, champignons... des courses de Noël.


Au retour je m'arrêtais au Cellier des montagnes, mais mon chaperon n'était pas encore là, et je me contentais de légumes divers et de quelques bouteilles de Gewurtz à tomber. Au moins on aurait de quoi de consoler si la fête tournait court.

En rentrant, les garçons étaient debout et les différents feux en route. Le four à pain en était à sa première chauffe, ce soir, pour les parisiens qui avaient confirmé leur venue, il serait suffisamment chaud pour les palettes et autres délices gustatifs.

Chamade avait elle aussi quitté sa couette et foncé sous le toit retrouver le calme pour une sieste au grand air.

Et puis le soir tombé, ils sont arrivés de Paris, les cousins tellement heureux de se retrouver, les grands contents de ce début de vacances, on bavarda jusqu'à point d'heure, déplorant que ma soeur ait décidé de ne pas venir, mes parents ne pouvant la conduire. 

Tant pis, le petit dernier viendrait seul demain dans la journée, ses enfants fêtant Noël chez leur mère. Demain on partirait dans la forêt chercher un sapin à décorer, cette année j'avais acheté pour la première fois, bravant les coutumes, une longue guirlande de leds blanches.

Juste avant d'éteindre la lumière, j'écrivis un petit mail à ma soeur, lui disant qu'elle avait encore le temps de changer de programme, on l'attendait et on irait la chercher à Colmar si elle décidait de venir. Mais ma soeur... une fois qu'elle avait décrété un truc...


samedi 3 janvier 2015

l'Alsace enfin !

Ce n'est pas que je sois superstitieuse, mais tout de même il fallait penser à conjurer le sort. Je demandais à JP d'aller acheter une sorte de minuteur qui allumerait de façon aléatoire des lampes dans l'appartement, je déposai à mes voisins nos clefs pour partir tranquilles.

Entre temps mon petit frère m'avait prévenu que contrairement à ce qui avait été prévu, il ne serait là que mardi dans la journée... De ma soeur nous n'avions eu aucune nouvelle.

G, lui, était arrivé à l'heure dite et nous partions dimanche à onze heures trente. A onze heure trente et une Chamade avait fait pipi dès le moteur en route, elle ferait caca un quart d'heure plus tard, la routine.

A Estavayer, plein d'optimisme, nous avons acheter le paquet de meringues et les deux pots de double crème de Gruyère traditionnels, quelques morceaux de fromage divers et de la viande des Grisons. La route s'est passée parfaitement jusqu'à Kaysersberg où nous sommes restés coincés trois quart d'heure dans un énorme bouchon : les fameux marchés de Noël qu'une fois de plus nous ne verrions pas, par flemme.

La maison, une fois ouverte, était glacée et pendant que je dispatchais les bagages, JP faisait du feu dans la chaudière et G. dans le fourneau du grand séjour. Petit apéro, ne jamais se laisser abattre, repas roboratif, et oust au lit, sous trois couettes chacun.

Demain sera un autre jour !



vendredi 2 janvier 2015

le lendemain

Le lendemain, après avoir passé presque deux heures chez le coiffeur, la tête encore en vrac de notre soirée très arrosée pour le départ de Ludivine, je téléphonais à mes parents.

Au bout du fil ma mère, malgré des douleurs incessantes, s'imaginait déjà pouvoir passer seule Noël afin que notre père puisse nous rejoindre en Alsace accompagné de ma soeur comme cela avait été prévu.

Elle me raconta sa nuit aux urgences, abandonnée sur un brancard, tentant en vain de se faire aider pour aller faire pipi. Mon frère prévenu par un passager du bus, s'était rendu à l'hôpital et avait passé plus d'une heure à la chercher avant d'enfin la trouver trempée, n'ayant pu se retenir tant la douleur était insupportable.  A quatre heures du matin, après que les radios aient été interprétées et qu'aucune fracture n'ait été constatée, elle avait été ramenée chez elle.

Les pompiers l'avaient portée dans un drap pour passer la porte et l'avaient déposée sur son lit. Depuis elle était raide, rigide absolue, Noël était dans quatre jours, je l'imaginais mal pouvoir se passer de mon père...

Quelques jours avant, j'avais commandé un gros chapon pour douze, désossé et farci, que nous devions chercher lundi au Cellier des Montagnes. Nous devions récupérer G. qui arrivait dimanche matin et filer en Alsace pour mettre en route la maison. Mon frère et ma belle soeur avaient prévu de partir lundi aux aurores afin d'arriver en début d'après midi, mais c'était sans compter sur la guigne qui semblait s'acharner sur la famille. En sortant d'un magasin, alors qu'elle finissait ses achats de Noël, on avait volé à ma belle soeur, son portefeuille... cartes de paiement diverses, billets de trains, liquides à peine retiré du GAB. Elle devait porter plainte, faire toutes les oppositions nécessaires, impossible de quitter Paris avant que tout soit en ordre, ils n'arriveraient pas lundi, arriveraient-il d'ailleurs pour Noël ?

A suivre...


jeudi 1 janvier 2015

une fin d'année bousculée...

A huit heure quinze, vendredi dix neuf décembre, j'avais longuement choisi parmi les seaux posés à l'extérieur de la boutique, les fleurs qui constituraient le bouquet d'adieu que l'on offrirait à Ludivine partant vers de nouveaux horizons à quelques centaines de mètres après la frontière. Dans la voiture attendaient sagement les cadeaux emballés le matin même dans un papier couvert de pastilles colorées.
La veille, après une séance de shiatsu qui m'avait fait, sans bruit couler de longues larmes sages débordant mes yeux sans que rien ne puisse les arrêter, j'étais allée choisir des petites bricoles pour compléter la doudoune pour laquelle toute l'agence s'était cotisée. Une bougie dans le cas où un de ses nouveaux collègues souffrirait comme chez nous, de dessous de bras fortement odorants, un calendrier égrenant chaque jour des excuses pour en faire le moins possible au travail, un paquet de mouchoirs colorés pour pleurer tranquillement la perte des meilleurs collègues du monde plus quelques babioles pour son nouveau bureau. Sur l'enveloppe qui contenait le reste de la somme recueillie, j'avais collé en lettres d'or, le surnom qui lui était resté après qu'un de nos client l'en ai affublé par erreur et qui nous avait tant fait rire. 
Ludivine partait et emporterait avec elle nos longs et mémorables fou rire quotidien.

A midi, alors que l'on sablait le champagne, mon téléphone avait sonné. Au bout du fil, ma belle soeur. 

La veille ma mère en compostant son billet de bus, s'était fracassée par terre alors que le bus pilait pour je ne sais quelle raison. On avait fait évacuer le bus, les pompiers l'avaient transportée aux urgences, elle ne pouvait plus bouger un cil, ses muscles tétanisés par la chute si violente.
L'instant de stupéfaction passé, ma belle soeur me rassurait, certes là tout de suite ma mère ramenée à la maison souffrait mille morts, mais elle ne s'était rien cassé, il fallait simplement que ses muscles se remettent de ce choc si violent. Et du haut de ses quatre vingt quatre ans, ma mère ne semblait pas trop démoralisée de louper les fêtes de fin d'année en famille là haut dans notre Alsace natale. 

Nous avions raccroché, j'étais retourner écouter le petit speech que Ludivine avait préparé, on avait trinqué ensemble, et je pensais à ma mère là bas couchée sur son lit.

A suivre...

Bonne Année 2015


Et peut être que cette année je serai plus présente ou encore moins là...

Bonne année à vous mes lecteurs, qu'elle soit aussi douce et pleine d'énergie que possible !