Le soir, alors qu'avachie dans le fauteuil noir je regarde ce qui passe à la télévision, la petite poilue patiente, à quelques mètres, assise, immobile, les yeux fixés sur le moindre de mes gestes, guettant l'improbable moment où je me lèverais pour l'accompagner au lit.
Ce chat à part manger, n'a qu'un but dans la vie, se faire accompagner au lit, cinq, dix, mille fois si cela pouvait être.
Lorsque, lassée de la voir si patiente mais si tenace, entre deux pubs je me lève, d'un bond elle file vers la chambre, s'assurant que je la suis, s'arrêtant, repartant, frémissante de plaisir. Elle grimpe en roucoulant l'échelle de la mezzanine, se retourne, me regarde, ronronne que dis-je vrombit !
Alors, je saisis la couverture, la sienne, verte un peu mitée et d'un geste ample la déploie. Elle, me regardant intensément, s'aplatit, et attend cet instant si ardemment désiré, se faire recouvrir !
Petits gratouillis pour finir, je redescends l'échelle, retourne m'asseoir pour la suite de l'émission.
Quelques instants plus tard la revoilà, immobile, pile dans mon champ de vision, elle attend, elle attend... jusqu'à ce que lasse d'attendre elle s'approche, hésite, hésite encore, avant de sauter sur mes genoux.
Et l'on sent combien lui coûte cette faiblesse, elle qui restera sauvage et indépendante dans l'âme jusqu'à la fin de ses jours.
Elle grimpe lentement jusqu'à mon cou, s'enroule tout autour, la queue balayant mon visage, essuie glace velu que je maitrise pour suivre le cours de l'émission. Elle roucoule et se colle, l'arrière train remontant à chaque caresse. Et hier soir, au comble de l'extase, discrètement, sous mon nez, elle a lâché un petit pet.
Un tout petit certes, discret sans bruit... mais dieu que ce pet de chat sentait mauvais !