jeudi 25 juillet 2013

Vacances

Hier je suis allée faire changer les deux pneus de mon vélo. L'hiver puis les grandes chaleurs les avaient desséchés au point qu'ils allaient tous les deux se fendre.
C'est en rentrant de St Denis où je venais de faire mon premier tour, histoire de me remettre en jambe, que j'ai tout à coup eu l'impression de rouler sur une route gondolée. Celle ci étant plate plate, j'ai examiné les roues et vu la catastrophe qui menaçait, une fente prête à lâcher, laissant alors libre cours à la chambre à air. En passant devant un Vélos 17, je m'y suis arrêtée afin que l'on me dise si je pouvais encore rentrer ou s'il fallait leur laisser ma monture. "Oui certes, mais ne tardez pas à les faire changer, dès demain si possible."
J'ai maintenant un vélo qui glisse et file comme sur un coussin d'air,  je suis la reine du bitume.



Je suis à Oléron depuis dimanche soir, accompagnée de Chamade qui est restée aphone deux jours durant, le voyage ayant mis à rude épreuve ses cordes vocales et mes nerfs. C'est d'ailleurs un miracle qu'elle soit encore en vie, mes envies de meurtre grandissant au fil des kilomètres.


Tout à l'heure, peut être, j'irai à la Rochelle chercher JP à la gare. 
Il avait dû, la veille de notre départ, se rendre en urgence au chevet de son père dont la santé s'était brusquement dégradée. Mais la situation semble stabilisée, et si rien n'a changé cette nuit, il devrait pouvoir me rejoindre ici.

Nous irons alors manger notre première mouclade.

lundi 15 juillet 2013

Vieille...

Samedi matin, je remplis sagement le caddy, viens tout juste de quitter le rayon poissonnerie, me dirige vers le pain, quand un "Valérie" plein de surprise et de plaisir me fait lever le nez. Françoise que je n'avais plus vue depuis pfffffou bien cinq six ans est là, devant moi, sourire éblouissant. Elle son panier vide encore, moi le caddy presque plein, on bavarde entre les brioches et les pains de mie emballés. On parle de tout, nos amours, nos enfants, nos chats, nos vacances. Je la retrouve telle que je l'avais quittée, les cheveux peut être un peu plus courts, le teint un peu plus bronzé, nous nous étions vu en hiver sans doute, mais elle reste la très belle femme qu'elle a toujours été. Et puis juste avant que l'on ne retourne à nos devoirs de nourricières, elle me dit "Que veux-tu, on est vieille !"

Et depuis cette phrase me trotte dans la tête.

Il y a déjà plus de dix ans qu'une autre de mes amies, m'avait sermonnée : mon attitude ne correspondait pas à celle que l'on attendait d'une vieille de presque 45 ans à l'époque. 

L'autre jour au bureau, un artisan un peu brut, la trentaine dépassée, alors que je l'accueillais en riant avec l'accent de ma région d'origine, m'avait vertement tancée. "Arrête de vouloir faire ta djeune... c'est pas que tu es vieille mais quand même !" J'en étais restée coite, tout comme mes deux tout jeunes collègues avec qui nous n'arrêtons pas de faire l'andouille à longueur de journée. 

Vieille. 

J'ai cinquante six ans, oui, et je m'en fous !

Mais les autres, certains autres, non ! Et je m'interroge sur le droit que j'ai d'être comme je me sens, ou s'il faut respecter ce que ces autres là attendent de moi. 

vendredi 12 juillet 2013

vingt deux ans !

Jules César, Mac Jacob, Modigliani, Pablo Neruda, et tant d'autres sont nés le même jour que celui dont je suis si fière d'être la mère.

Pour l'instant il se balade avec sa sœur dans le Nord-Est de l'Australie, loin apparemment de tous réseaux. Un bref petit message nous a informés qu'ils étaient tous les deux vivants, heureux, c'est l'essentiel. 
Il nous racontera, peut être, ce voyage lointain.

Le mois de juillet est comme toujours celui où les départs et les arrivées sont les plus nombreux. Etudiants qui finissent leurs études, ceux qui accompagnés de papa, maman, la tante, les sœurs, cherchent un studio ou une coloc. Ceux qui sont mutés, ou viennent d'être licenciés, ceux qui ont besoin d'une chambre en plus pour un enfant nouveau né. Les jours filent à toute allure, dossier à faire, fuites en cascades, plombs qui sautent... et hier pour la première fois, j'ai dû planifier des rendez-vous pour une entreprise qui doit poser des stickers en forme de silhouette d'oiseaux sur les vitres miroir d'un immeuble que je gère ; demandés par une association de protection des oiseaux, cela a enchanté les résidents.

Ensuite je suis partie retrouvée la nouvelle ostéopathe qui me remet, petit os par petit os, mon corps en bon état de marche. Elle parcours délicatement toute mon histoire, déliant lentement des verrous protecteurs mais maintenant inutiles. 

A la maison, derrière la porte, Chamade attendait fidèle, mon retour. 

mardi 9 juillet 2013

Au diable les statistiques !

Garance n'est pas une statistique c'est tout !

Au téléphone, qu'elle tient loin de sa tête, elle s'emmêle encore un peu les pinceaux, hier est aujourd'hui, la géographie pour le moins aléatoire, mais qu'importe elle est là et bien là. Son rire résonne dans la chambre de cet hôpital qu'elle devrait bientôt quitter pour se rapprocher de nous. 
Ensemble nous préparons les stratégies qui la rendront de nouveau aussi jolie malgré l'interdiction à jamais sans doute, de colorer ses cheveux gris. Rien que d'entendre sa voix, ses éclats de rire, son espérance toujours aussi forte, notre angoisse s'envole.

Je sais ô combien, que des prédictions fatalistes peuvent se révéler mensongères, et cette fois-ci j'endosse le costume de l'autruche sans aucune culpabilité.

Oui longue longue vie Garance, et quelque soit le temps qui t'est imparti, que celui-ci soit plein de bonheur, c'est l'essentiel.

vendredi 5 juillet 2013

une journée ordinaire

La journée a été électrique, les fou rires se déclenchant pour un rien, les larmes noyant souvent, à n'importe quel moment, nos yeux. Aussi, le soir, lorsque nous avons su qu'elle était vivante, cela a résonné comme une victoire.
Au moins aura-t-elle passé le premier cap, la parole et la motricité préservées.

Et il est toujours étonnant et remarquable de voir que la vie continue, sans à-coups, petits tracas et grandes aventures.

Tout là bas, chez les kangourous et les koalas, G. et C. découvrent le bush.

Ici c'est une toute jeune fille, locataire un peu perdue, qui vient puisque sa cave ne s'ouvre plus. "La clef rentre bien dans le cylindre, mais elle ne tourne pas !"  Je sors son dossier, prends l'état des lieux de son entrée, et de son énorme trousseau retrouve celle notée comme étant la bonne, évidemment pas celle qu'elle enfilait sans succès dans la serrure. Une gommette verte collée dessus évitera la prochaine fois  une angoisse inutile.

C'est un mail assassin d'une propriétaire sans soucis de fin de mois, qui me somme de recréditer immédiatement son compte, d'une facture imposable à son locataire. Suit la liste de toutes les réparations incombant aux locataires, dont le fameux flotteur. Je sais... je connais cette liste par cœur... le locataire a déjà régler la facture. Mais il faudra tout de même  lui expliquer réexpliquer d'ailleurs, que toutes écritures passent obligatoirement sur le compte propriétaire et sont recréditées par le compte locataire... 

Ce sont les artisans qui viennent chercher des clefs, un chantier qui se termine enfin, des chupa chups que l'on suce en riant comme des tordus, et le soir, au soleil, passer coup sur coup l'étape 67 puis 68 de candy crush... une journée ordinaire...

Demain est un  nouveau jour.



mercredi 3 juillet 2013

...

Cette virgule du temps où, du soleil l'on bascule dans l'encre la plus sombre, ce tout petit instant, celui qui restera tatoué dans la mémoire éternellement, mardi 18 juin midi trente...

Nous étions sortis, petit troupeau, vite vite, midi pile. Antoine et Ludivine filaient comme d'hab rejoindre Garance sur une terrasse, le reste rentrait sagement déjeuner, routine ronronnante.

Et puis, un peu avant 14 heures, alors que nous étions revenus à nos postes, Ludivine en larme, adossée au comptoir de l'accueil, nous avait raconté ce qui allait devenir l'effroyable. Garance qui ne se rappelait brusquement plus qui était qui, Garance qui se trompait de mots, dont les pas devenaient plomb, Garance notre adorée qui transformait de son rire le moindre jour brouillard en soleil éclatant, Garance qu'elle avait déposée aux urgences et dont les médecins semblaient prendre très au sérieux cette absence passagère.

Nous avions bien tenté de nous rassurer, de chercher une raison basique, idiote et si simpliste à cet invraisemblable moment hors du temps. Mais au fond de nous, nous savions que la terre venait de s'ouvrir, engloutissant à jamais la belle insouciance de l'Agence.

Le soir était tombé avec le diagnostic, tumeur au cerveau.

Le lendemain elle s'avérait cancéreuse, énorme, se développant sans cesse.

Demain notre Garance chérie sera opérée par dit-on, la meilleure équipe lyonnaise, et nous retenons notre souffle, les larmes menaçant sans cesse de quitter notre intime désespoir.