Je descendais la montagne Ste Geneviève, il faisait beau et tournait au dessus de ma tête un hélicoptère.
Je venais de déjeuner chez mes parents, n'avais plus qu'une heure avant de quitter la ville, au loin la rumeur sourde montait jusqu'à moi, emplie de sifflet et de cris, mais la rue était paisible.
Certains passants tout de même tournaient la tête vers ce brouhaha qui enflait au fur et à mesure de ma descente, l'angoisse lentement montait, les cris et les sifflets ne laissaient plus guère de doute, ils étaient là !
Et brusquement je les ai vus, des centaines de personnes vociférant, habillées de rose et de bleu, agitant des drapeaux français et cucul-rose-bleu, le boulevard St Germain envahi.
Je me suis mise à trembler, la rage m'a submergée.
Ils avançaient, lentement, musique assourdissante, certains dansant sur un air de Cold Play, "Hollande touche pas à mon mariage, occup'toi d'mon chômage", "Pour que la manif continue, n'oubliez pas de donner à nos quêteurs qui sont là, n'oubliez pas donnez, participez à cette grande cause, donnez donnez..." "Hollande touche pas...
Alors sans regarder vers quoi, vers qui je fonçais, j'ai traversé, insultant sans retenue, cette masse niaise qui toute sourire vociférait sa haine de l'autre.
Une fois rue de Bièvre, laissant derrière moi cette manifestation inhumaine, j'ai pensé à cette si belle soirée passée avec PascalRderien.
Nous nous étions retrouvés au café Beaubourg, ses baskets bleues assorties à mon châle. Une réunion Meetic au dessus de nos têtes, deux coupes de champagne sur la table, instantanément à l'aise, nous avions parlé des heures, de chats, d'appart, de famille, d'amis et évidemment du mariage pour tous.
J'ai pensé à lui que l'on violentait de la sorte, au nom d'un Dieu bon et miséricordieux.
Fasse que s'il existe vraiment, il leur mette le nez dans leur caca d'une façon ou d'une autre.