mercredi 27 juin 2012

les tunnels

Un jour, tranquillement, il avait dit au détour d'une phrase, avec ce petit chuintement qui s'envolerait après l'enfance "J'en ai marre quand je suis là haut et que je les vois qui trifouillent dans mon ventre", j'en étais restée quelques secondes interdite. Il y avait eu aussi tous ces dessins, chirurgiens aux doigts énormes, disproportionnés, qui emplissaient les feuilles cartonnées dont les couleurs joyeuses m'avaient enchantées et qu'il disait voir de si haut. Je le regardais avec admiration, ce tout petit garçon qui avait longé un temps le styx et qui dès la douleur faiblissant repartait vaillamment affronter le monde.  Un jour, moi aussi je m'étais vue, de la haut, quelques secondes puis pouf j'avais retrouvée mon corps, sans chichi, juste quelques secondes éphémères, sans raison, une petite sortie vite fait.
Des années après, alors que je lisais un passage de la Bible, forcée par l'homme qui me séquestrait et promettait de me tuer, il y avait eu ce souffle doux, enveloppant, chuchotant à mon esprit "Nous sommes là, ne crains rien, n'ais pas peur".

Dernièrement nous regardions un truc, ce genre d'émission que l'on regarde un peu avachi, culpabilisant de perdre son temps, émission hachée de pub sur un canal de la TNT, avec retour en arrière constant et vaguement scénarisé, sur les fameuses NDE.
JP s'endormait lentement, parfois levait une paupière et je le sentais ricaner gentiment. Mais lui aussi avait eu un soir un être moins doux et courtois que ceux qui m'avaient accompagnée lors de ma nuit infernale, une mort noire aux ailes resserrées, assise derrière lui, attendant sagement la fin, sa fin. Et puis aussi, cet ami aimé enterré depuis peu, qui l'avait interpellé un soir à peine endormi, l'enjoignant de "faire attention, très attention" quand seule encore je m'inquiétais de notre enfant tout neuf.

Agnostique je suis, même si j'aime parfois entrer dans les églises, parcourir lentement  la nef jusqu'au Choeur, entendre mes pas résonner. Mais cette histoire de tunnel, que mon père explique, en bon neurologue, comme étant un affolement du cerveau alors que tout part en vrille, me plait bien. Du moins cela me plaisait bien jusqu'à la fin de l'émission. Jusqu'à la presque fin, parce que là, un des intervenants a raconté qu'il y avait bien un tunnel qui montait rempli de lumière et d'amour, mais qu'il y avait aussi celui qui descendait rouge et bruyant, plein de terreur.

Et maintenant j'ai peur que mon tunnel soit celui qui descend...

lundi 18 juin 2012

Rester zen

Le recrutement a commencé, défilent des petites jeunettes, toutes mignonnes, qui seront très jolies sur la photo. Je les regarde, et doucement se dessine pour moi un avenir bien moins folichon. L'élue sera peut être tout à fait compétente, mais j'imagine mal une jeunette se coltiner les états des lieux.
Et puis... j'entends déjà l'argument massue "Vous Valérie, vous avez l'expérience des états des lieux, et à votre âge vous aurez plus d'aplomb pour vous faire respecter"
Oui... ben non ! Je n'aime pas faire ces états des lieux, pas du tout. Et j'en ai un peu assez de trembler à l'idée de me faire agresser, même si ce n'est que verbalement.
Je n'ai pas vraiment de choix. Cinquante cinq ans, un marché de l'emploi en berne, difficile de changer de boîte, de métier.
Alors, il va falloir que j'apprenne à me détacher, moins m'impliquer, pour ne pas sortir tous les soirs en bouillie.
Il va falloir que j'apprenne, j'y arriverai !

mardi 12 juin 2012

de tout de rien

Il pleut
Il pleut
Il pleut....

Hier matin, alors qu'assise devant mon écran je relevais mes mails, sont arrivés l'un après l'autre mes collègues du service gérance. Un rassemblement silencieux avant que les portes de l'agence ne s'ouvrent. Une, deux, trois, au quatrième j'ai levée la tête, et lentement me suis retournée. Mince me suis-je dit, nous allons fêter un anniversaire et je ne sais pas de qui, je n'ai pas vu l'enveloppe, je... Alors, Samuel un peu coq, coquelet, sourire en mi teinte s'est avancé.
Voilà, si je vous ai réunies ce matin, c'est pour vous annoncer que ce matin j'ai donné ma démission.
Ah ?
Eh bien me voilà un peu dans la merde, je vais devoir me taper les états des lieux un moment, et puis je l'aimais bien, il va falloir m'habituer à une nouvelle tête, pourvu qu'elle soit plaisante.

Le passeport de G. est arrivé à la mairie, ouf ! Rien n'était moins sûr, le délai de deux mois annoncé aurait s'il  avait été tenu, interdit à G. de partir vendredi à Rodrigues. Un peu plus de mille deux cent euros à la poubelle et surtout surtout la grande déception de C. et de son frère. Seul le cousin aurait pu prendre son envol, mais la fête aurait été gâchée. Merci à celui qui a écouté mon fiston, et a fait accélérer les choses.

Mes salades poussent tranquillou malgré la pluie et le peu de soleil de ce mois de juin mouillé et froid au point que le syndic a rallumé le chauffage. Le moindre rayon de soleil est à savourer pleinement, si j'en crois les augures, nous aurons un Été un peu pourri.



Dimanche j'ai dévoré le livre sur les Strauss-Kahn avant de m'attaquer au dernier numéro de la Hulotte. Le livre est bien écrit, et tous le long on pense à ce qui aurait été s'il n'y avait eu le viol de trop. La frontière entre la droite et la gauche est vraiment vraiment mince, heureusement grâce à Morano et consorts elle se creuse un peu plus.
Dimanche, fait rare dans la région, nous retournons voter sans aucune chance, mais pour une fois il y a un second tour aux législatives.

Il pleut
Il pleut
Il pleut

dimanche 10 juin 2012

Porte à porte

Nous nous sommes ouvert une bouteille de mousseux, du mousseux brut de Frontignan, assis au salon nous dégustons cette fin de semaine, un rayon de soleil, Chamade nonchalamment vautrée sur son grattoir neuf.
Brusquement elle lève ses oreilles, aux aguets prête à fuir sous le canapé proche, ding-dong, sonnette de l'entrée.
Je pense fort, tout comme JP j'en suis sûre " Merde qui cela peut-il être "
Lui ne bouge pas, plus un mouvement, le temps suspendu, j'hésite, me lève lourdement.
J'ouvre la porte et j'ai devant moi une jeune et une vieille femme, habillées de noir, cheveux gris tirés pour l'une, noirs défait sans chichi pour l'autre. Dans ma tête : Témoins de Jéhovah.
Mon " Oui ? " limite aboyé, doit leur faire comprendre mon rejet absolu. Leurs sourires se figent, regards compatissants, je suis hérissée à l'intérieur, prête à claquer la porte sans autre mot.
Rapidement la vieille s'avance d'un pas et dit "Vous savez que dimanche on vote pour les législatives ? "
Oups quasi instantanément je pense FN ! à moins que UMP ?
Ton sec et sans appel " Oui,  je vote à gauche ! "
Justement me disent-elles timidement, nous voulions vous parler... du programme du PS.
Eh  là... je me suis sentie... conne !

mercredi 6 juin 2012

le cimetière de Sète

Lentement nous avons déambulé entre les tombes, au dessus de la mer, cherchant Georges et rencontrant Jean et Paul. Le soleil et la brise, les mouettes et le parfum des cyprès plongeant dans le ciel si haut. Au loin des bateaux semblaient figés éternellement.


Nous étions seuls, des mouettes au dessus aboyaient. Un tout petit chat, ébouriffé et gris souris, tentait de passer inaperçu, se cachant entre deux tombes ombragées. Lentement, faisant crisser le gravier blanc, nous avons longuement cherché Georges...


Qui, nous l'avons appris à la sortie, dormait un peu plus loin,au cimetière de Py.


J'aime les cimetières, je m'y sens bien, pleine de compassion et de tendresse. Je lis un à un les noms gravés, je les chuchote, certains me font sourire, d'autres me serrent le cœur.


En saluant Jean Vilar, sont remontés à ma mémoire des souvenirs de coulisses, d'odeurs poussiéreuses et pleine de vie, de loges un peu sombres. Ces instants si particulier d'une salle encore vide, où la scène résonne et  l'on se sent maître du monde.


Et puis, comme chaque fois, je me suis émerveillée de la finesse des fleurs de porcelaine.


Posées pour l'éternité, et toujours si pleines de charme et de vie.


Ce matin, je pense à Luce, à sa fille.



dimanche 3 juin 2012

La fête des mères

J'avoue je m'en fiche un peu de la fête des mères. Autant j'aimais voir la joie de mes enfants petits, offrant les cadeaux faits avec amour à l'école, autant maintenant un baiser de leur part me contente amplement.
Je n'oublie jamais ma mère, je lui offre un très beau bouquet de fleurs, des pivoines cette année, je lui téléphone et nous bavardons avec plaisir une bonne heure. Mes enfants me èsèmèssent, un baiser, je rappelle à JP de ne pas oublier la sienne et voilà.

Mais tous ces articles, véritables marronniers, raillant les cadeaux offerts par les enfants, décrivant des mères horrifiées de devoir porter les fameux colliers de nouilles (de toutes ces années scolaires écoulées, je n'en ai jamais eu un seul), décrivant le cauchemar de ces horreurs qui enlaidiraient les intérieurs forcément magnifiques de tous ces blogueurs esthètes, ça me gonfle !
Dire que l'on est émue par ces cadeaux d'enfants serait signe de ringardise absolue.


Eh bien moi je les ai tous aimés ces cadeaux de fête des mères, et lorsque mon regard accroche une petite sculpture en terre ou un dessin naïf que l'on m'a offert il y a 20 ans, je remercie la vie de m'avoir donnée ces enfants là.


Et je bénie le ciel de me les laisser longtemps encore en pleine santé.