tout au bout, la Suisse !
Je cours d'un état des lieux à l'autre, cette journée est pleine de charme contrairement à hier où il me semblait n'avoir que des locataires hargneux grossiers, enfilant des "en fait" entre chaque mot, au point où je n'entendais plus que enfaitenfaitenfait, je hais les enfait !
Aujourd'hui j'ai démarré la journée avec un tout jeune couple de Polonais très doux, calmes, aimables, savourant le plaisir du soleil inondant leur terrasse, s'amusant avec les télécommandes de leurs volets, me laissant faire tranquillement l'état des lieux, m'écoutant poliment décrire ce que je notais page après page. En les quittant, j'ai traversé la voie ferrée, fait une photo, avant de retourner au bureau, avec l'impression d'être en vacances, l'éclairage ressemblant tellement à celui d'un matin d'été, vers six heures, le soleil déjà haut alors que la température est encore douce.
L'après midi, état des lieux sortant entrant, une jeune femme ayant perdu son emploi, un jeune homme démarrant ses études à Genève. Tout cela dans une atmosphère très sereine, l'une qui partait laissant un studio repeint à neuf, l'autre, accompagné de ses parents respectueux, polis, agréables, timide et attendrissant. pffffou que cela fait du bien.
Demain j'irais chercher une de mes locataires chéries hébergée chez sa fille et qui nous quitte, ne pouvant plus vivre seule. "Je viendrai dans mon carrosse Jeanne, et nous irons ensemble faire votre état des lieux de sortie" lui ai-je dit le cœur en vrac. Je lui avais fait visiter deux appartements, nous nous étions un peu battues contre son beau fils qui l'aurait préféré dans un immeuble collé à sa maison. Mais elle avait eu le coup de foudre pour celui qu'elle devait maintenant quitter, avait tenu bon, et nous avions noué une vraie complicité. J'adorais la trouver au bout du fil, pleine de fraîcheur à l'aube de ses 94 ans. Elle me manquera, j'espère que de temps en temps je la croiserai, et que de vivre rue du centenaire sera pour elle bénéfique.