mardi 30 septembre 2008

"le cri des crevettes " le remake



Il n'y a pas que Moka qui aime les crevettes !
Évidemment, Chamade refuse, lorsqu'elle est filmée, d'articuler correctement "Ma-man", dans le seul but de me faire passer pour une menteuse auprès de Moka (qui doute !).
Mais je ne lâche pas l'affaire... je l'aurai son cri d'amour désintéressé !

mon pain moche mais troptrop bon

Je réalise que je n'ai plus donné de nouvelle de mon levain et pourtant !

Voilà maintenant quelques mois que celui-ci mène sa vie très active de levain.
Au début j'en prenais grand soin, ébouillantant systématiquement le pot de confiture avant de poser une belle quantité de levain prélevée sur la pâte levée de la nuit... et puis petit à petit je me suis juste contentée de laver le pot, d'y déposer une simple cuillerée à soupe de pâte et basta !
J'ai aussi cherché longuement comment faire un pain présentable, j'ai tenté mille textures de pâte et un jour, lassée, opté pour une terrine maintenant, le temps de la cuisson, une pâte presque liquide. Je fais des pains moches certes, mais magnifiques au palais.

Voici donc ma recette du pain au levain d'en ce moment.

Or donc, levain travaille doucettement dans son pot à confiture, sans plus de surveillance, il mène sa vie de levain le temps que nous finissions de manger la dernière fournée.
La veille de la cuisson, le soir de préférence, je remplis le pot de confiture d'eau et dissous ainsi le levain totalement. Dans ma machine à pain, tout d'abord je mets quatre cuillères à café de sel (j'ai en ce moment de la fleur de sel d'Oléron rapportée par JP de ses vacances. Le chanceux !) puis je verse un kilo complet de farine bio (T65 en général, mais l'autre jour j'avais acheté par mégarde de la T130 et le pain était excellent aussi). le programme démarre et je verse ensuite le levain liquide et une certaine quantité d'eau, que j'adapte au fur et à mesure du brassage, (en moyenne il me semble que cela doit être de l'ordre d'au moins 700ml) pour arriver à une consistance presque liquide (une pâte très souple). Je laisse la totalité du programme pâte levée se faire (soit une heure et demie), puis je verse ma pâte dans un grand saladier en verre que je recouvre d'un linge humide.
Je laisse reposer et lever la pâte une nuit et souvent la matinée. Tout dépend de la température et de l'humidité de l'endroit où elle lève. La salle de bain est parfaite, chaude, humide, sans courant d'air, mais malgré tout cela reste très aléatoire.
Dès qu'elle me semble suffisamment levée, elle triple de volume en général, je prépare les terrines. Je les chemise alors, avec un papier que j'ai préalablement froissé pour qu'il en épouse la forme, et surtout que j'ai huilé (huile d'olive) légèrement pour que le papier se détache bien en fin de cuisson.

Je remplis au trois quart les terrines et laisse lever une seconde fois la pâte. BIEN SUR, j'ai prélevé une bonne cuillerée à soupe de pâte pour mon levain, que je mets de côté dans son pot propre et juste recouvert d'un bout de papier alu (pour éviter la poussière et autres petits trucs qui se baladent dans les airs).
Il faut en général quatre à cinq heures pour que la pâte soit prête à cuire. Elle a bien levée, on voit les bulles de fermentation.
Je préchauffe mon four sur 8 pendant une petite demie-heure, puis j'enfourne les terrines ,recouvertes les trois premiers quart d'heure de cuisson.

Le dernier quart d'heure, couvercles retirés, sert à dorer les pains (faire attention lorsque l'on retire les couvercles de bien se protéger les mains et avants-bras pour ne pas se brûler avec la vapeur qui s'échappe). Recouvrir la terrine permet d'avoir un pain moelleux et croustillant. La croûte est moins épaisse, le pain est plus humide, mais il faut ce quart d'heure couvercle retiré, pour que le pain prenne sa couleur de miel de sapin.
Mon pain est moche, il n'a rien d'un beau pain de boulanger, mais son goût est à tomber de bonheur et puis il se conserve (si on lui laisse le temps) plusieurs jours.

Le seul problème (et de taille) c'est qu'il est si bon que l'on en mange trop !

Edit du soir :
La machine à pain n'est évidemment pas indispensable. Comme de toute façon la pâte lève une bonne nuit, le pétrissage n'a pas à être fait longuement. Mon frère qui m'a initié au levain, et n'a pas de MAP, la brasse rapidement, suffisamment pour que les ingrédients soient liés entre eux, mais sans plus.
Le levain supporte des températures très variées. Et dernièrement, mon frère (toujours lui) s'extasiait d'un vieux levain resté sans surveillance des semaines durant dans notre maison d'Alsace, tout desséché, et qui, après avoir été humecté, avait repris vie au bout de trois jours. C'est très costaud ces p'tites bestioles !

vendredi 26 septembre 2008

la misère

Des monceaux d'ordures, jetées pêle-mêle dans tout l'appartement. Pas un endroit où poser les pieds, seul le matelas est libre, presque incongru.
Les photos prisent lors de la visite sont effroyables. Les toilettes sont maculées, les murs servant vraisemblablement d'essuie-mains, mais curieusement, posé sur le réservoir, un bouquet de lavande fini de sécher à côté d'une photo de famille et d'un livre protégé par un plastique. Le balai, posé à l'envers est propre. Tout autour des ordures jetées là encore en tas. La salle de bain est inaccessible, sans doute une annexe aux toilettes. La cuisine est envahie elle aussi par les déchets, dans l'évier une poubelle éventrée dégueule jusque sur la cuisinière. Dans la salle de séjour-chambre à coucher, celle où juste le matelas est vierge, au fond, sèche du linge sur un étendoir.

Difficile d'imaginer qu'une personne puisse vivre là et pourtant !

Chaque matin elle se lève, s'habille.
Déjeune t-elle, se lave t-elle ?
Comment fait-elle pour vivre là, pour ne pas sentir cette odeur pestilentielle, ne pas voir ces cafards, ses vers grouillant là ?

Elle promet qu'elle va faire un effort, comprend que les voisins n'en peuvent plus, dit qu'elle voit un psy. Mais elle est a franchi depuis si longtemps la frontière de la folie. Qui peut vivre dans une telle crasse ?

Depuis que nous avons vu les photos je ne cesse de m'interroger sur la souffrance de cette femme. On ne se crée pas un univers aussi repoussant sans raison. Comment réussit-elle à cacher à ses collègues l'invraisemblable environnement dans lequel elle vie ?

mercredi 24 septembre 2008

de vent de froidure et de pluie !

Depuis quinze jours ils appellent ! 9h01 ! Qui aura droit la première, à la plainte récurrente au sujet du chauffage ?
Certes ceux qui appellent ont froid, un peu ! Mais s'ils appellent c'est surtout surtout pour les enfants, les vieilles personnes, les handicapés... les enfants petits, les vieilles personnes qui tremblent, les handicapés cloués à leur chaise, et puis les lâches, ceux qui râlent mais n'ont pas le courage d'affronter le syndic. Ce sont les zorros de l'immeuble, ils décrochent et foncent, pleins de hargne, nous jetant nos salaires non mérités, notre incommensurable incompétence, fainéantise. Ils ont appelé "leur homme de loi", ont compulsé frénétiquement internet, nous sommes tenus de remettre en route le chauffage, il fait 18°, 15°, parfois même en dessous de 13° ! C'est la Sybérie, nous sommes inhumain !

Le chauffage nous l'avons fait mettre mardi dernier !
Certains ont oublié d'ouvrir leurs radiateurs, d'autres ne les ont pas purgés, il y en a même qui les avaient enlevés pour les repeindre, qui ne pensaient pas que déjà, le chauffage serait remis en route ; ils se sont retrouvés pataugeant dans 10cm d'eau ! Voilà un dégât des eaux en plus !

Et puis Il y a les glouglous dans les canalisations, les chaudières qui font du bruit la nuit !

Le chauffage c'est toute une histoire, mais pour beaucoup aussi, un prétexte pour appeler et se sentir un peu moins seul un instant.

vendredi 19 septembre 2008

Par ci par là

D'elle je ne connais que son blog.
Mais c'est un endroit que j'aime pour plein de raisons, elle est devenue une amie virtuelle...

Ce soir, rentrant du bureau j'allume mon ordinateur, à peine ai-je jeté un oeil que le titre me glace, sans ouvrir le lien je sais déjà.

Je voudrais pouvoir l'embrasser, lui dire combien je suis désolée pour elle, pour son mari, pour cet enfant que je me réjouissais de connaître si bientôt par ses mots.

Ce soir je suis tellement triste pour elle.

...

De cette journée que me reste t-il ?

Un long ruban d'asphalte dont la surface à l'horizon vibrait, transparence chaude. Le soleil de septembre qui donnait encore aux champs desséchés l'éclat métallique d'une belle fin d'été.

Nous allions à Orange, nous y avions rendez-vous, tous ensemble, pour l'accompagner vers cet ailleurs.

Garés sur le gravier gris clair, à l'ombre des ifs caressant l'azur.
Une toute petite chapelle blanche adossée au crématorium, le concert des cigales... nous étions entrés en silence, ce qui restait de la famille, un père, une mère, deux frères, deux soeurs... l'aîné reposant dans son cercueil en chêne blond.

Je me souviens de l'attente, impression de flotter, de mon père, perdu, ne sachant plus comment utilisé un distributeur d'eau.

Et puis l'instant où la porte s'ouvre, où le cercueil plonge dans les flammes... ce déchirement silencieux.

Cette nuit cela fait vingt cinq ans que mon frère agonisait, seul.

mercredi 17 septembre 2008

écrire... sur tout et n'importe quoi

C'est reparti ! la nouvelle saison Chic des clics chez Jathenais et Gilsoub. Et puisqu'il est de bon ton de magnifier la France catholique en ces temps de visite papale, j'ai choisi de montrer une paroisse très propre !

Le huit !



Un chiffre, juste un chiffre pris rapidement en photo avant d'entrer au bureau. Le huit, jour de ma naissance, le huit qui me suit depuis des années et qui fait intrinsèquement partie de ma vie.

D'autres chiffres sont illustrés chez Dr CaSo, il suffit pour les voir de cliquer !

lundi 15 septembre 2008

dimanche

Dimanche, la pluie a enfin cessé, seule ma fille est encore au lit. Mon téléphone vibre, puis sonne, sans doute une erreur, dimanche matin, à la maison, je regarde l'écran, pas de numéro. Rarement je décroche si je ne sais pas qui est à l'autre bout, je décroche...
Marie Delin ? vertige, je connais cette voix, je ne suis pas Marie Delin
Marie Delin ? c'est Laurence A. A l'instant où elle dit son nom, juste un peu avant même, j'avais reconnu sa voix.
Ah non dis-je en souriant, ce n'est pas Marie Delin, mais Valérie de Haute Savoie. Panique sensible à l'autre bout... silence...
Ha ! c'est ce qu'on appelle un acte manqué...
Hé oui ! et il me semble que tu as un sacré rhume.
Elle hésite, je la sens mal à l'aise, tendue, après tout c'est elle qui a fait l'acte, et cela m'arrange bien d'être en dehors, cela m'amuse même beaucoup. Jamais je n'aurais imaginé que cela puisse arriver.
Je n'étais pas allée à son anniversaire, la donne avait changé, ce n'étaient plus des petites rencontres "seul à seul" mais trois lieux de rendez-vous, pic-nique, expo, fiesta qui émailleraient la journée. Je ne me sentais pas le courage d'être noyée (et jugée) par ses amis, ceux qui n'avaient eu qu'une version de notre clash.
Je suis très détendue, je ris, je souris, je lui pose des questions, raconte brièvement. Elle aussi dit ce que sont devenus ses enfants, combien elle est fière de sa fille, cette fille qui était venue adoucir sa peine d'avoir perdue celle née quelques années avant. Me dit qu'elle aurait eu une attaque cardiaque si j'étais venue à sa fête, que sa fille aurait mal supporté. J'étais sa marraine, j'avais abandonné ce rôle, officiellement, lorsque tout avait éclaté.
C'est bien pour cela que je ne suis pas allée à sa fête, pas envie de bousculer cette enfant, mais je n'éprouve aucune culpabilité, malgré l'insistance à me mettre mal à l'aise. J'assume ce que j'ai fait, rester marraine dans ces conditions devenait malsain, je sentais bien alors que cela ne serait que prétexte à chantage, et il valait mieux, après avoir clairement expliqué à cette encore petite fille, le pourquoi de mon départ.
Aujourd'hui, toujours, reste cette nécessité qu'elle garde de vouloir me faire culpabiliser, mais depuis mon analyse j'y suis devenue imperméable.
S'il y a une chose que m'a apporté ces longues séances avec moi-même, c'est bien cette sérénité face à mes actes.
Il faut qu'elle raccroche, elle doit joindre Marie Delin avant midi pour décommander le repas.
Nous nous disons au revoir, sans promesse.

J'aime bien les actes manqués !

vendredi 12 septembre 2008

Il faudrait

Il faudrait que je me fasse couler un bain dans lequel j'aurai versé l'huile et les perles de bain offertes par mon voisin, que je n'oublie pas mes lunettes, que je prenne mon Canard enchaîné et le nouveau quotidien de Siné et qu'enfin je prenne le temps de les lire. La semaine vient à peine de démarrer que déjà nous en sommes à vendredi. Depuis mon entrée dans l'agence, le temps file sans arrêt, "jour-nuit", nous entrons dans l'automne... il va falloir bientôt remettre les pneus neige !
Reprendre le temps, je me dis chaque matin qu'aujourd'hui je me donnerai un peu de temps pour autre chose que l'habitude, et le soir en éteignant la lumière je me promets que demain...
Il m'a fallu presque la semaine pour enfin écrire à ma belle-soeur chérie combien la mort de sa maman m'a fait de la peine pour elle.
Les rares billets que j'écris sur mon blog me laisse un goût de trop vite, trop banal et pourtant je continue ce rare petit dérapage de mes obligations récurrentes.
La semaine prochaine je prépare trois AG l'une derrière l'autre, mais j'aimerais aussi tant vivre un peu plus.

mardi 9 septembre 2008

de tout de rien

Dans le supermarché, où je vais faire mes courses en général, cela fait longtemps que les sacs ne sont plus automatiquement distribués aux caisses ; dans notre région ce sont d'ailleurs les premiers qui nous ont obligé à avoir le réflexe de prendre un grand sac avant de partir caddie en avant vider nos porte-monnaies.
Mais, ce sont aussi les seuls qui systématiquement, emballent diverses marchandises dans des sacs en plastique, transparents et très fins, qui vont du kilos de farine à des barquettes plus que scellées de viande ou poisson, au moment de notre passage en caisse. Il faut réagir vite, l'oeil rivé sur la caissière pour pouvoir la stopper net dans son élan avant que, autoritairement, elle sorte d'entre ses jambes un sac plastique et n'en recouvre ce qui pour elle présente un je ne sais quoi comme particularité qui nécessiterait cette protection toute relative. Et je m'interroge sur le pourquoi de vouloir à tout prix fourguer un sac inutile, polluant et étonnamment vierge de toute publicité.

Au volant, revenant des dites courses, j'écoute la radio, vraisemblablement FranceInfo. On y parle des pharmaciens, on en interroge un
"Le pharmacien est plus qu'un commerçant, il conseille ses clients (c'est le propre du commerçant non ?) il vérifie les prescriptions (effectivement) il téléphone régulièrement aux malades pour vérifier qu'ils ont bien pris leurs médicaments !"
Et là je me stupéfie sur place !!! Mais quoi est-ce donc ? Serait-ce à dire que mon pharmacien est un incompétent, lui qui n'a jamais appelé à la maison ?

Sinon demain c'est la fin du monde, et juste à côté de chez moi en plus... promis si j'ai le temps je nous photographie entrain d'être digérés par le trou noir.

lundi 8 septembre 2008

à côté de la plaque

En 1987 sortait une chansonnette qui allait devenir un tube interplanétaire. Elle passait si souvent à la radio, que l'on se surprenait à fredonner la mélodie avec agacement. C'était le fameux Joe de taxi chanté par une gamine à l'air un peu niais, se dandinant de gauche à droite tout en ânonnant des paroles qu'elle ne semblait pas comprendre. Je me rappelle mon incompréhension lorsque peu de temps après j'avais entendu Catherine Ringer prédire qu'elle deviendrait une star. Une star ! comment pouvait-on imaginer une seconde que cette petite chanson limite indigente, puisse être le démarrage d'une carrière de star ?
Un peu plus tard, m'ennuyant ferme à la maison avec un mari et un petit garçon malade, j'avais envoyé un fax à Pierre Marcelle, journaliste de Libé, pour protester après un papier traitant des dons d'organe. Il m'avait répondu, nous avions continué alors une conversation le plus souvent par téléphone. Un jour, évoquant un petit nouveau qui démarrait. Je lui disais combien je le trouvais limité en tout, ne lui prédisais pas une grande carrière "détrompez-vous ! m'avait-il dit, il ira loin" C'était Julien Courbet, que je trouve toujours aussi épouvantable, mais qui, oui, a fait "carrière à la télé".
Pour ce qui est des vedettes télévisées, je n'ai jamais trouvé PPDA craquant, ses airs mielleux m'insupportent au plus haut point, Laurence Ferrary dont tous le monde vante la beauté, me semble non seulement banale, mais très très mal maquillée, et son insolence est toute relative...
Alors samedi, lorsque je suis entrée chez Minelli cherchant une paire d'escarpins, et que j'ai vu tout ces gros godillots mastocs, je me suis dis que décidément je n'étais vraiment jamais dans le coup !

vendredi 5 septembre 2008

je suis rémoulue...

... mais heureuse !
Je viens de terminer ma toute première A.G., du moins la première étape.
la réservation de la salle - la convocation - l'ordre du jour - Le livret de 61 pages - les recommandés français et étrangers. Lundi je n'aurais plus qu'à affranchir et hop dans les temps !

C'était la dernière étape pour que je me sente tout à fait opérationnelle et je l'ai réussie. Je suis contente et mon gestionnaire soulagé (je crois que malgré tout il tremblait un peu, tout doit tellement être dans les règles, la moindre petite erreur peut être prétexte à annuler l'AG.).

La semaine prochaine j'en préparerai deux autres, puis encore et encore... c'est la saison.

Aujourd'hui aussi j'ai précisé à mon grand chef que je ne voulais pas travailler le samedi quitte à ne pas être embauchée définitivement. Apparemment cela ne jouera pas en ma défaveur et je me sens plus détendue.

Ce matin j'ai eu droit à mon adresse mail, mes initiales personnelles dans le logiciel, ça y est je fais partie intégrante de la boîte.

A part ça j'ai eu une inondation dans des caves, un immeuble foudroyé hier soir durant l'orage, des râleurs râlant, des ampoules HS, des courriers à taper, des notes aux résidents à élaborer, des factures, des DPE, des Etats datés, des coups de fils ininterrompus.

J'ai travaillé non stop de 9h00 à 18h00, je suis rémoulue mais heureuse !

mardi 2 septembre 2008

plastique

C'est Marie Paule ?
- Non pas le temps de dire mon nom
Alors c'est Claire !
- Eh non c'est Valérie.
Ah vous êtes revenue ?
-Non non je ne suis pas revenue, je suis une nouvelle Valérie
Ah une nouvelle Valérie - la voix est douce, une vieille dame assurément.
Je suis madame Tilzer, j'ai déjà eu votre collègue l'autre jour, je vous téléphone pour me plaindre.
C'est le vingt cinquième coup de fil aujourd'hui, je ne compte pas ceux que j'ai dû passer, les personnes venues directement au bureau, grosse journée de râleurs.
Le ton est devenu plus plaintif, au bord des larmes.

Je n'en peux plus, il faut leur dire que c'est fini l'occupation, c'est toutes les nuits maintenant. Avant ils faisaient ça la journée, mais maintenant c'est des bassines et des bassines d'eau qu'ils mettent sur leurs arbres. Vous savez, les Schimdthauser, ceux qui ont un duplex, ils se croient chez eux.
Ah oui c'est vrai, elle a déjà appelé l'autre jour. Marie Paul avait raccroché stupéfaite que l'on puisse tenir de façon si naturelle, de tels propos.
- Voyons Madame, pourquoi ne seraient-ils pas Alsacien après tout ?
Oh non non, je les connais, ils se croient tout permis, ils sont chez eux. Ils n'ont qu'à retourner là bas, c'est fini l'occupation. S'ils aiment tant les arbres, ils ont qu'à en mettre en plastique, moi je n'en peux plus. Vous savez, nous sommes vieux, nous dormons peu, trois quatre heures par nuit c'est tout, alors ce plic plic toute la nuit on n'en peut plus. Qu'ils mettent des arbres en plastique, mais pas des bassines et des bassines d'eau.
J'écoute, je cherche des mots pour endiguer ce flot de parole. Elle n'a pas la voix haineuse, juste une longue plainte.
Ils pourraient aussi faire plus précautionneusement, pas d'un coup. ils se croient chez eux. C'est fini, c'est fini !
Je lui dis que je vais leur suggérer par courrier, juste pour qu'elle se taise. Aujourd'hui je sature de toutes cette agressivité déversée depuis mon arrivée au bureau.
Merci Valérie, je peux vous appeler Valérie. Merci Valérie de votre compréhension.
Je bredouille... raccroche.

Me retourne. Marie Paule d'un air résigné dit :
En plus, les pauvres, ils ne sont non seulement pas allemands, mais juifs. Ils ont perdu leur famille dans les camps.
Quelle idée aussi de préférer les arbres à arroser... le plastique c'est tellement plus pratique.