jeudi 31 juillet 2008

petits bonheurs

Les iris de mon balcon
J'adore me faire draguer ! Légèrement, que cela reste un jeu de séduction. C'est fou ce que cela me fait du bien, éclairant ma journée, lissant mes rides, faisant naître un sourire qui reste suspendu longtemps encore. Je me sens jolie, désirable, humaine.
Tout à l'heure, j'étais dans un bouchon, il faisait une chaleur à mourir, rien ne bougeait et je commençais à regretter d'avoir choisi ce trajet. J'hésitais à faire une manœuvre pour me dégager quand les voitures se sont remises en route. C'était à une intersection où ma file à moi n'était pas prioritaire et où l'autre file, bien sûr , n'avait qu'une hâte, filer vite sans penser à nous laisser nous infiltrer dans la sienne. Et là, au moment où j'allais pester contre ces c***tins de conducteurs qui pensent rien qu'à eux, un automobiliste, avec un clin d'œil et un grand sourire, m'a cédée la place... instantanément la vie m'a semblée très agréable.
Autre petit plaisir du jour... un des artisans qui intervient beaucoup sur nos copropriétés, tout bronzé, un corps tout en muscle, un vrai régal.
Ces petits trucs qui effacent joliment les chiantes qui s'ennuient et nous appellent pour passer le temps, et vomir leur haine des autres.

mercredi 30 juillet 2008

dolce vita

Je me comporte un peu comme le chat Garfield qui aime que ses maîtres soient absents parce qu'alors il peut faire ce qu'il veut... rien !
Je suis donc célibataire depuis samedi midi et le programme d'enfer que je m'étais préparé reste pour l'instant à l'état de projet.
Je me lève légèrement plus tard, prends mon café en surfant tranquillement sur internet, caressant Chamade qui quémande dès mon réveil les calins pour lui faire oublier l'absence de G.
Je rentre à midi, grignote quelques tomates, de la mozarella, de la ratatouille froide, pause rapide sans aucun stress et je repars non sans avoir à nouveau cajolé la miss.
En sortant du bureau, où je m'y plais toujours autant si ce n'est plus étant tout à fait à l'aise maintenant, je vais faire quelques courses pour m'offrir des plaisirs gustatifs ne nécessitant aucune cuisine. Je pose sur le tapis roulant des délices tels que sushis, gingembre en lamelles, mozarella de bufflonne, tomates cerises... et je rentre retrouver ma ronronnante qui est postée à l'entrée prête à se rouler de bonheur en miaulant à s'étouffer. Et je ne fais RIEN !
Ce soir, en arrivant, je me suis douchée puis, une robe légère enfilée, j'ai dévoré le Canard enchaîné allongée sur le canapé, Chamade pédalant consciencieusement sur mon ventre. Ensuite j'ai dégusté mon saumon cru avec wasabi et gingembre, parcourant les blogs amis, le pain cuisant au four (ne pas laisser mourir mon levain) et tout à l'heure je regarderai Dr House, attendant l'orage qui menace depuis quelques minutes.
Je me sens en vacances, j'ai la flemme d'entretenir mon blog, je me laisse vivre... c'est délicieux !

lundi 28 juillet 2008

Une vie de chat

Rien de plus facile que de photographier un chat noir, tout noir.

dimanche 27 juillet 2008

une vie de fille

Une table de fille... des chaussures de fille...

Et pendant ce temps ils dînent au bord de la mer, sans doute des moules marinières pour JP et une pizza pour G. La belle vie à l'est et à l'ouest...

Ma liberté

Ils sont partis hier un peu après midi, et me voici jusqu'au douze août libre comme l'air !

ou presque

Tout d'abord une petite virée à l'Etranger histoire de rapidement se débarrasser des corvées, passer au change Migros, revenir en France déposer le salaire sur le compte, jeter les bouteilles et le papier dans les conteneurs, un rapide aller retour chez Botanic pour acheter lessive, shampooing et pieds de lavande, rentrer au bercail retrouver Chamade désolée, déjà, de l'absence de son cher et tendre.

Faire le ménage pour bien démarrer ma vie de célibataire, nettoyer le bac à plante des crottes de la miss en jetant les plantes desséchées, et la terre saturée, remettre du terreau frais et remplir l'espace de lavande pour ne plus tenter ma pelleteuse poilue.
Suspendre les quelques lessives de draps, serviettes et autres vêtements masculins et puis...

Savourer l'instant.

lundi 21 juillet 2008

elle

Depuis que je l'ai croisée, une nuit d'hiver, elle ne m'a plus quittée. Elle est là, fidèle compagne, sage présence. Elle nimbe tout ce qui m'entoure d'une mélancolie tendre et inexorable.
Elle veille chaque instant, ne jamais oublier que je suis mortelle, que ceux que j'aime le sont aussi O combien! C'est elle qui apaise mes impatiences lorsqu'au bout du fil ma mère parle et parle encore sans m'écouter, elle qui me souffle au creux de l'oreille que ces instants sont uniques à jamais. Elle qui arrête mon regard sur la beauté éphémère trop vite oubliée d'un nuage au couchant. Elle encore qui fait mouiller mon regard lorsque je quitte mes enfants, que je le contemple lui, endormi tel un gisant.
Le temps file si vite si vite.
Elle me remet tant et tant de fois dans la vie, que chaque seconde soit vécue, vécue vraiment sans attendre... pour ne rien regretter.

dimanche 20 juillet 2008

l'assignation

Parfois mon coeur se serre à la lecture des lettres qu'ils écrivent pour plaider leur cause. Ils se sont appliqués, ont pris du papier ligné, les mots sont tremblés, du tremblement de leur vieillesse ou hésitants de ceux qui découvrent une langue nouvellement adoptée. Ils expliquent leur vie basculée, le compagnon qui les a abandonné, l'emploi qu'ils ont perdu, la mort qui les laisse seul, toutes ces vies fêlées.
Elle m'avait prévenue, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça, si tu les écoutes tu n'en finiras plus. Elle m'avait montré comment les faire taire, c'est vrai on n'a pas de temps à perdre, on a déjà assez de travail comme çà, et puis ils ont qu'à se débrouiller, ils sont propriétaires quand même.

- Je décroche le téléphone, il faut que je les appelle, ils n'ont pas payé leurs charges depuis longtemps. Les prévenir que s'ils ne versent rien on demande l'assignation. Ah que je n'aime pas cela, je sens dans sa voix qu'elle a peur, elle explique le chômage, ils essayent, dès qu'ils touchent quelque chose ils nous versent une partie mais pas avant le 23 peut être le 24.
Je regarde mon calendrier, le 24 un jeudi... Je lui fais promettre que le 28, 29 au plus tard nous aurons un versement... Je vais me faire taper sur les doigts, c'est vrai, j'oubliais, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça.
Je raccroche d'un geste triste. Pas sûr que je m'endurcisse.

samedi 19 juillet 2008

du hasard des pseudos

Je reviens sur son blog, lire l'éventuelle réponse à la réflexion laissée le matin après avoir lu son billet... elle dit :

Oui, Valérie, je suis autant de Bretagne que toi de ta région affirmée, même si j'ai quitté la mienne il y a longtemps...

C'est bien là les quiproquos qu'internet peut engendrer, ce pseudo choisi à la va-vite et qui s'est imposé à mon insu, adopté avec amusement.
Il y a bien longtemps, bien avant que je saute le pas, je suivais fidèlement un petit blog qui démarrait. Je signais mes commentaires d'un simple Valérie, après avoir tenté un graminée chez Ron sans réelle conviction. Valérie puisque c'est mon prénom, que je l'aime bien et que je me sentais unique dans cet espace que j'étais loin de connaître. Et puis ce petit blog de fille est devenue un endroit plus couru, vinrent des Valérie à la pelle.
Hélène, la maîtresse de céans, nous demanda de nous différencier. J'arrivais un peu tard pour choisir, mon département d'origine et mon année de naissance étaient déjà accolés à d'autres Valérie, alors ,sans réfléchir longuement, je joignis à mon prénom la région où j'habitais et cela donna Valérie de Haute Savoie.
Petit à petit ce pseudo trouva sa place ici et là.

Un jour j'ouvris mon blog. Trouver son nom me prit plusieurs jours, à chaque fois que me venait une idée je déchantais en le découvrant déjà utilisé. Ensuite il me fallait un pseudo, un pseudo qui me permettrait de rester anonyme, je choisis Paulette et "roule ma poule" je m'élançai timidement sans faire de publicité. Je laissais toujours des commentaires, mais ne liais jamais mon url afin de rester tranquille dans mon coin.
Dr CaSo me découvrit assez vite, me lia sur son blog, d'autres suivirent en titrant le lien "Valérie de Haute Savoie". Mon fameux pseudo des Beaux Arts ne rimait plus à grand chose, je le laissai tomber.

Voilà donc la raison très simple de ce pseudo, rien à voir avec un amour immodéré pour cette région, fort belle il est vrai, mais pour laquelle je n'ai aucun amour. Mon enfance est strasbourgeoise, alsacienne, et lorsque j'y retourne je m'y sens chez moi sans pour autant avoir envie d'y habiter à nouveau.
Si j'avais le choix, la possibilité, c'est vers l'océan atlantique que j'irais poser mes valises. Me réveiller chaque jour en regardant le lever du soleil sur la mer, entendre le bruit du ressac, sentir le varech, fouler le sable pieds nus... curieusement c'est là que je me sens en paix.

trésor

La maison dormait encore, j'étais là, regardant l'écran, buvant lentement mon café au lait. Chamade après avoir constaté que j'étais bien levée, était allée se recoucher à côté de G., patiente, attendant qu'il se réveille.
Le paisible silence avait été brisé par un rire en cascade, G. rêvait et riait.

Alors m'est revenue cette nuit à Bicètre. Nous étions arrivés un peu en catastrophe comme souvent et n'ayant pas eu le temps de prévenir la maison des parents, avions été coincés dans une chambre avec une autre maman en attendant de savoir si G. serait réhospitalisé ou si nous repartirions rapidement. Il faisait chaud, c'était l'été, G. dormait dans un lit de toile, juste une couche pour vêtement, et Popie comme doudou. Il dormait sur le dos, les bras pliés vers le haut, les jambes écartées, il transpirait légèrement. Je restais éveillée, ma voisine ronflottant, mon angoisse à l'affut. Et là, dans ce silence pesant, G. avait rit, ce rire de gorge des touts petits, ce rire en cascade, merveille de l'enfance. Il dormait, rêvait et riait si joliment. J'avais pensé "s'il rit c'est qu'il va bien, qu'il va bien au moins dans sa tête, que cette énième hospitalisation ne l'angoisse pas vraiment". J'avais béni cet instant.

Si l'on pouvait emporter, au moment de notre mort, des souvenirs de notre vie, je prendrais ce rire là, le rire de l'enfance.

samedi 12 juillet 2008

les trucs à quatre pattes de Dr CaSo


Ha ha chez Dr CaSo on peut voir des trucs à quatre pattes !
C'est donc une saucisse pourvue de quatre longues pattes qui représente dignement mon blog !

jeudi 10 juillet 2008

le linge affreux !

Agence Deslacs bonjour
Bonjour Valérie, c'est Valérie ?
Oui, bonjour Madame... vous êtes Madame ?
Madame Desnou de la copropriété des Ulysses - Ecoutez voilà - je vous appelle parce que là, il y a une dame qui a tendu une ficelle sur son balcon, enfin une corde plutôt, tout du long, ça traverse le balcon.
Oui ?
Tout du long ! et elle suspend ses draps, c'est affreux , affreux. sa voix part rapidement dans les aigus
A quel étage ?
Euh, au sixième je crois, oui au sixième
Et vous êtes a quel étage ?
Au cinquième
... au cinquième ? je visualise... elle sous le balcon ? mais pourquoi ce linge la dérange t-il ?
Mais c'est affreux !
Vous avez vu sur son balcon ? poser la question, juste pour qu'elle prenne un peu conscience de la bêtise de son intolérance.
Ah non pas de chez moi, mais quand je suis avec les enfants dans le jardin en bas, Mais c'est Affreux ! On voit de la rue ce linge pendu qui sèche ! Tous les jours elle suspend son linge, ses draps, sur la corde.
Mhmmm oui... eh bien j'en ai pris note, j'en ferai part au gestionnaire... Vous avez le nom de cette dame.
Elle fait semblant de réfléchir, mais très vite avec une sorte de jouissance, elle dit le nom, un nom aux consonances chantantes évoquant ces pays de l'Est où le linge claque au vent.Je cherche sur le fichier... oui, effectivement je retrouve ce nom, cela fait peu de temps qu'ils ont emménagé... des étrangers forcément.

Ah et puis... comme je vous ai au téléphone, il y a aussi dans le local à vélo, des taches de graisse, noires... un temps... qui sentent le poisson ! Poisson ! elle dit poisson comme les enfants disent "caca" grassement, se délectant de ce mot qu'elle malaxe et qui devient alors un mot sale gorgé de toute la rancœur de son rejet de l'autre.
Sans doute de la graisse pour les chaines à vélo, Madame, peut être que cela a un peu coulé. Elle hésite, elle sent que je n'abonde pas dans son sens...
Tiens mais justement il me semble que c'est à l'endroit des vélos de ces gens, ceux du linge ! >ces étrangers qui font rien qu'à salir - ça y est, elle n'arrive plus à retenir son dégoût, sa voix maintenant est métallique
...
Voix doucereuse... Vous vous rendez compte, il y a dans notre copropriété des vieilles personnes, vous savez, des vieilles personnes qui ont du mal à marcher... J'ai pensé, imaginez si elles glissent sur la graisse, avec leur col du fémur fragile ... Le coup des vieux, grand classique !
... il y a tout de même peu de risque qu'elles viennent se coincer entre les vélos non ? elle hésite, elle attend un mot de soutien qui lui permettrait de rebondir... rien, je résiste... rester courtoise tout de même.

Et puis... j'y pense, vous savez le robinet dans l'entrée, vous voyez lequel ?
Non, excusez moi je ne connais pas cette copropriété.
Ah vous ne connaissez pas ?
Non, mais dites moi tout de même.
Ben au dessus du robinet il y a des taches qui ne partent plus. D'abord on a cru que c'était des gouttes d'eau, mais là c'est de la graisse, de la graisse noire ! Elle est jeune, j'entends des enfants qui l'appellent, elle est jeune et si aigrie déjà.
Oui, autre chose ?
Euh non là pour l'instant je ne vois pas
Eh bien Madame, j'ai pris note de vos remarques, je transmettrai l'information à Monsieur Deslacs. Abréger, ne plus entendre cette voix pleine du dégoût des autres.
Vous allez faire quoi pour le linge ?
Ne vous inquiétez pas, nous allons vraisemblablement faire un courrier. Je m'en occupe ! Au revoir Madame, bonne journée.
Je raccroche, envie de m'ébrouer.

lundi 7 juillet 2008

clap de fin

C'est son dernier soir "Erasmus". Demain elle prendra l'avion, quittera ce pays où elle vient de passer dix mois à étudier, découvrir, aimer, vivre !
Demain elle rentre, d'abord à Paris pour y retrouver déjà d'autres Erasmus quittés il y a peu, elle dormira chez mon frère et ma belle soeur, peut être verra t-elle ma mère.
Ensuite, pour quelques heures, quelques jours si nous avons de la chance, elle viendra se poser chez nous, fêter les dix sept ans de son frère, nous raconter des bribes de cette aventure.
Après il sera temps pour elle de trouver un toît pour septembre à Lyon, et surtout peaufiner son mémoire pour son Master 1.
Dix mois, si long, si court. Je me réjouis et j'ai le coeur serré pour elle qui doit, ce soir, être bien tristounette.

samedi 5 juillet 2008

l'enfant

Anne et moi partagions un studio rue Ste Aloyse à Neudorf, banlieue de Strasbourg. Rarement nous nous retrouvions toutes les deux ensemble, elle travaillait souvent de nuit, infirmière à l'hôpital, j'étais à l'époque chez Danone, et le reste du temps à faire la fête chez des copains.
Ce jour là pourtant nous marchions, allant au centre ville. Je me rappelle le soleil, la chaleur, longeant un temps le canal. Nous devions retrouver des amis pour aller nous baigner aux gravières, mais avant, elle avait promis à une collègue, partie passer le week end avec un amoureux de passage, de s'occuper de son enfant. Pourquoi pas lui avais-je dit, allez je t'accompagne, mais vite fait !
L'appartement était au deuxième étage d'une petite maison, en face du pont St Nicolas, une petite place pavée, blanche, l'arrêt de bus vide, Strasbourg vivait au ralenti un Eté paisible. Poussé le portail, nous avions pénétré dans un hall sombre et froid, l'appartement était à l'étage, nous avions grimpé un peu hésitantes, éblouies encore par le soleil du dehors, les marches en bois. Chercher l'entrée, tâtonner pour trouver la serrure, l'appartement était dans la pénombre, un rideau de voile blanc voletait légèrement devant la fenêtre entre ouverte du hall. Pas un bruit, l'enfant dormait sans doute. Anne n'était jamais venue là, il n'y avait qu'une pièce, claire, aux murs jaunes pâles, une commode en bois blanc et à côté un lit à barreaux où reposait un bébé, les yeux ouverts, regardant fixement le plafond. Il devait avoir un peu plus de six mois, Anne, plus habituée que moi, avait pris ce bébé dans les bras pendant que je me chargeais de réchauffer le biberon. Il fallait compter les cuillerées de lait en poudre, mélanger avec de l'eau en bouteille, faire tiédir ; tout était noté sur une feuille posée à la cuisine. Le bébé ne pleurait pas, maintenant il nous regardait attentivement.
Il fallait le changer, la couche était mouillée, juste mouillée ; sur la feuille la mère avait précisé, "ne pas mettre trop d'eau pour que le bébé n'ait pas trop de selles"... j'avais obtempéré : pas trop d'eau.
Anne donnait le biberon, l'enfant avalait goulûment ne quittant plus des yeux celle qui enfin le tenait dans les bras. Sans nous concerter, le malaise naissait de cette situation invraisemblable. Un bébé tout seul, trois jours durant...

A mi voix j'interrogeais Anne :

- Mais ! elle est où sa mère ?
- Avec son copain, en week end.
- Mais ! elle laisse son bébé tout seul, elle n'a pas peur ?
- Ben... je lui ai promis de lui donner ses biberons et de le changer...

Il fallait repartir, on nous attendait, il vrillait ses yeux aux nôtres, nous étions de nouveau muettes, déchirées par l'envie de rester avec ce petit, et celle de retrouver nos copains au bord de l'eau.

Anne avait reposé le bébé dans son lit, nous sommes reparties d'un pas lourd, refermant la porte sur le silence, descendant les marches lentement.

Effacer le plus vite possible ce malaise sourd, sauter dans le bus heureusement là, s'éloigner loin, loin de cette chose.

Des années après je garde ce malaise vivant. Comment, alors que nous avions vingt ans, avons nous pu laisser ce bébé tout seul ? Comment avons-nous pu accepter de faire en sorte que ce bébé soit déshydraté par convenance ? Comment avons-nous pu nous amuser ensuite, oubliant assez vite ce que nous venions de voir : un enfant victime de maltraitance ?
Plus tard j'ai su que cet enfant était autiste.

un peu frais

La température a sérieusement chuté ! Il fait à peine 26°... heureusement, il reste la couverture polaire pour pouvoir se réchauffer.

mardi 1 juillet 2008

débutante

A cinq heures la chaleur est encore très présente, je rentre dans la voiture, allume le moteur, s'affiche 39°, vite ouvrir les fenêtres et se glisser dans les embouteillages des frontaliers qui quittent Genève. Les premières semaines, abrutie par ce nouvel emploi, je rentrais directement à la maison. La tête bourdonnante, aucune envie de réfléchir, impossible de pondre le moindre billet, rien que l'idée d'élaborer un repas me semblait insurmontable. Petit à petit, tout en rentrant sans escale, j'ai recommencé à faire quelques tâches ménagères afin de garder un environnement agréable. Puis un soir je me suis arrêtée pour quelques courses, les jambes légères, le sourire accroché aux lèvres.

Maintenant j'ai repris ma vie, comme avant, le temps s'est étiré, je lis, je cuisine, je fais mon repassage au réveil, je visite tous mes blogues, je me couche vers onze heures, mais le réveil sonne bien après que j'ai ouvert les yeux, écoutant les oiseaux s'égosiller, regardant passer comme une ombre Chamade qui plus tard s'allongera contre G. attendant patiemment qu'il se lève. A six heures je m'étire, le FK de G., puis mon café bu devant mon écran de portable.

Je suis loin d'être encore opérationnelle au bureau, demain pour la première fois je m'occuperais seule de terminer une AG, je me dépatouillerai seule pour trouver rapidement un électricien, un plombier, un antenniste, un carreleur... j'écouterai ceux qui se battent avec les cafards, les souris, les fuites d'eau.

J'ai souvent encore le ventre noué à l'idée de ne pas savoir, d'oublier quelque chose d'important, de mal faire. Je ne quitte pas mes notes, tous les jours j'apprends encore de nouvelles choses, assistante de gestionnaire syndic est assez complexe à vrai dire. A certains moments je me sens telle une nouille pataude, et puis je me morigène "voyons voyons Valérie, tu en es capable, allez allez reprends confiance en toi" et, me voyant perdre pied, mon grand ado me prend dans ses bras, me réconforte, m'assure que je suis la meilleure, et je repars conquérante.

Heureusement aussi que mes jeunes collègues se rappellent les affres de leurs débuts et comprennent mes hésitations.
De toute façon rien de pire que la routine, et là franchement j'en suis loin... très loin !