mercredi 31 octobre 2007

peinture

Mon grand père s'appelait Ernest. C'était un très bel homme, grand, se tenant toujours très droit, ne sortant jamais sans son chapeau qu'il soulevait légèrement lorsqu'il croisait une connaissance féminine. Sous des dehors un peu sévères, il gardait un côté enfantin et blagueur.
Il était né en 1902 et avait donc cinquante cinq ans à ma naissance. Il travaillait encore, mais c'était un artiste. Je crois qu'il faisait des publicités pour les Dernières Nouvelles d'Alsace, des illustrations pour décorer des boîtes de bonbons... en vrai je ne sais pas exactement de quoi il vivait, ma grand'mère ne travaillant plus depuis longtemps. Mais il peignait tout le temps, des paysages de cette Alsace qu'il adorait, rarement des portraits, ce que nous, ses petits enfants, nous déplorions.
Un jour d'été alors qu'ils étaient venus passer quelques jours au Birkenhof, je réussi enfin à persuader grand père de faire mon portrait. Enfin !
Je dois avoir huit ans, je ne tiens pas vraiment en place, mais pour ce portrait je suis prête à cuire au soleil, sans bouger, tout le temps qu'il faudra pour qu'il puisse le faire. Il prend cela très au sérieux, cherche le fauteuil le plus stable qu'il pose sur l'herbe du jardin. Je me coiffe, m'assied, il corrige un peu ma pose, lisse mon chemisier, replace une mèche derrière mon oreille... et ordonne "maintenant tu ne bouges plus !" - Je n'attends que ça, être son modèle.
Il prend les mesures, tend son bras, ferme un œil, évalue avec le crayon perpendiculaire à sa main, se concentre, trace le premier trait, je suis traversée par des frissons de bonheur, j'ai l'impression d'être caressée par le crayon qui crisse sur le papier. Il lève de temps en temps la tête, me regarde presque en transparence, gomme légèrement et balaye de sa main son carnet. Puis se penche et ouvre sa boîte remplie de tubes de gouache. Il choisi quelques couleurs, pose délicatement des noisettes colorées sur sa palette, le pinceau sonne dans le verre lorsqu'il le rince entre deux couleurs. Je ne bouge pas, je pourrais rester des heures. De temps en temps mes frères essayent d'apercevoir l'œuvre en devenir, mais grand père est formel ;
" Personne ne pourra le voir avant qu'il ne soit tout à fait terminé" dit-il avec un sourire espiègle.

Enfin il essuie ses pinceaux avec un chiffon parsemé de mille couleurs, referme sa boîte, regarde mon portrait d'un air satisfait et me permet de me lever. Je sors de ma torpeur amoureuse, je suis saoul de soleil et d'émotion. Émue et timide je m'avance, il est assis face à moi tenant son carnet. Je le contourne, regarde...

Un chimpanzé !

Pendant tout ce temps en réalité il n'a dessiné qu'un singe ! Pour me faire une blague !
Et cela fait rire tout le monde.

Tout de même ! Quel farceur cet Ernest !

lundi 29 octobre 2007

chat et rat

Entre autres j'ai été ouvreuse de cinéma. Un petit cinéma de quartier à Strasbourg. C'était le temps où n'existait pas encore les magnétoscopes, le temps où je passais de petits boulots en petits boulots. Celui-là était plaisant, nous étions une petite bande, le projectionniste, la caissière et trois ouvreuses, moyenne d'âge 19 ans ! Les horaires convenaient parfaitement à nos vies décalées, et notre statut d'ouvreuse nous ouvrait gracieusement les portes de tous les cinémas strasbourgeois, particulièrement un cinéma Arts et Essais où j'y ai passé des journées entières à parfaire ma culture cinématographique.
Mais notre cinéma lui ne passait que des westerns et autres films de kung fu et des pornos. D'un côté cela chahutait, de l'autre un silence religieux. D'un côté pas de pourboire, de l'autre de quoi se faire un salaire confortable. Je n'étais pas farouche, j'étais donc abonnée à la salle où jamais la lumière n'inondait les fauteuils, et je gagnais bien ma vie.
J'en garde de très bons souvenirs, nous apprenions les dialogues des films, hormis ceux classés X, par coeur. Nous mimions, en attendant la fin de séance, des scènes entières. Le train sifflera trois fois n'avait plus aucune zone d'ombre. Nous passions le temps.
Tous les soirs à la même heure passait devant nos portes vitrées, un rat. Pile à l'heure vingt trois heures trente ! Il passait vite, filant vers les poubelles du restaurant d'à côté. A cette heure là étaient sorties les poubelles, notre rat pouvait, sans effort, goûter à son dîner tout frais.
Fin octobre, changement d'heure... notre rat passe à vingt deux heures trente et revient sur ses pas aussi vite. Le lendemain il est à l'heure, la nouvelle, il a ajusté son horloge interne !

Octobre 2007... Chamade est postée depuis le milieu de la matinée à l'entrée de la cuisine, elle attend patiemment que je me mette aux fourneaux. Elle est toujours en avance, aujourd'hui juste peu plus en avance c'est tout ! Hier déjà elle se réjouissait aux environs de dix heures et s'affolait lorsqu'à onze heures rien ne bougeait à la cuisine.
Combien va-t-il lui falloir de jours pour que son horloge interne se mette à l'heure d'hiver ?

samedi 27 octobre 2007

les réunions

Nous étions cinq enfants, les deux premiers menaient leur scolarité sans heurts, bons bulletins, pas de retenue. Ma sœur était l'élève parfaite, faisant dès la sortie des cours ses devoirs et le petit dernier ne montrait pas encore de velléité à suivre mes traces. Alors, lors des rencontres parents-profs, il ne venait pas à mes parents, l'idée de "perdre" leur temps pour s'entendre dire que tout allait bien merci. La première semaine de ma cinquième je décrétai que cette année je redoublerais. Panique familiale ! Pour l'unique fois de sa vie de parent d'élèves, ma mère rencontra les professeurs en ce début d'année scolaire. Elle revint perplexe, aussi perplexes que l'étaient mes professeurs de mon obstination à prédire le redoublement. On me promit un vélo si je fléchissais, mais rien n'y fit, je redoublais ! Cahin-caha je traînai jusqu'à la première et pris mon envol loin de l'éducation nationale.
A mon tour je suis devenue parent-d'élève. Je fus même un temps parent-d'élève officiel, affiliée à la FCPE. Je tenais les stands des fêtes annuelles, je vendais des petits pains à la sortie des écoles, j'accompagnais les enfants à la piscine, bref j'étais très active et j'aimais passer ces moments avec les maîtres et maîtresses de mes enfants.
Rien à voir avec les rendez-vous quasi trimestriels entre les parents et les professeurs. Jusqu'à ce que mes enfants entrent au collège tout allait très bien, et puis première année collégienne pour ma fille et je retrouve l'angoisse enfantine . Passée la porte, l'odeur me renvoie des années en arrière. M'asseoir à une table, au fond de la classe, tourner le regard vers la fenêtre, je m'enfuis au delà des bâtiments, les profs parlent de la rentrée, de la classe, je suis déjà loin. D'année en année j'appréhende ces rencontres, je ne maîtrise pas mon trac, je suis l'éternel cancre et les professeurs, éternels juges. Je n'ai qu'une hâte, quitter au plus vite ces bâtiments.
Vous êtes la maman de ...? De C. ou de G. ! On fouille dans les fiches, on sort le dernier bulletin, voyons voyons ah oui ! Alors... - et mon ventre se serre, je tremble du verdict... Il, elle est un peu bavarde - je hoche la tête... je sais oui - Mais c'est un élève intelligent - ouf - Il n'y a pas grand chose à dire, il, elle ne pose pas de problème, participe, est agréable... - savent-ils ces enfants le bonheur qu'ils me donnent en ces instants là ?
C'est fini, je file au dehors, l'air frais me revigore ouf ouf ouf, libérée, je cours vers la maison, grimpe les escaliers, je suis légère, légère, jusqu'à la prochaine réunion.

Ce billet est un clin d'œil à celui de Samantdi.
Juste Chamade et moi !
Depuis combien d'années n'ai-je pas été seule comme ce petit week-end ? Au moins 16 ans et encore ! Ce matin JP et G. sont partis fêter l'anniversaire de mariage de mes beaux-parents, j'avais une excuse formidable pour rester ici, le réparateur de la machine à laver avec qui j'avais pris rendez-vous bien avant que nous soyons invités à cet anniversaire. Merci donc à la pompe de cette machine qui me donne quelques heures de liberté. Tout de même, j'avais pris une semaine de vacances avec une amie il y a quatre ans, nous l'avions passée en Guadeloupe, mais là, je suis seule seule seule et je suis ravie.
C. est en Hongrie, JP et G. en route pour les Vosges, Chamade emmitouflée sous sa couette chérie...
Liberté, liberté chérie !
J'ai fait mon tour bloguesque, Meerkat et Akynou restent inatteignables, j'ai depuis trois jours un message d'erreur qui me laisse à leurs portes, je me régale de l'imagination qu'ont certains internautes détournant les couvertures de Martine, le temps gris souris m'incite à plonger dans les archives de certains blogs que je viens juste de découvrir et tout à l'heure je continuerais "Chagrin d'école" que Fauvette et Mirza m'ont donné envie de lire.
Là tout de suite, je vais me faire un café !

vendredi 26 octobre 2007

album

J'ai, dans ma mémoire, une sorte d'album photos d'instants figés. Des photographies prises sur le vif, par forcément importantes mais figées à jamais et qui ressurgissent sans prévenir.
J'ai également des petits films, mais ceux-là nécessitent de ma part, pour qu'ils soient visionnables dans ma mémoire, un minimum de recherche avant d'appuyer sur "on".

Une des plus anciennes photos est de dominante jaune vif. C'est un rideau de coton lourd, jaune éclatant dont les plis sont légèrement gonflés par un probable vent. En silhouettes on devine des arbres longilignes, sans doute des peupliers. Sur la gauche on entrevoit le ciel. La photo est prise de mon lit, certainement au réveil d'une sieste. Quel âge avais-je, deux trois ans ?
De la même époque, dans le même appartement, une petite table noire et blanche, posée sur le parquet. Encore une journée ensoleillée, mais les rideaux sont légers, en voile blanc, pas de vent. Un meuble de coin, bois ciré, un bouquet et une lampe éteinte. Aucun bruit, personne. La photo est prise à hauteur de la table. Des instants calmes, sereins.

Ce matin, une photo s'impose sans raison. A gauche des bouteilles en pack posés les uns sur les autres. Des murs de bouteilles. Je pousse un caddie, je vais quitter le rayon et en face de moi une ancienne collègue. Cette photo est prise juste avant que nous nous reconnaissions. Le petit film "enregistré" est la suite de cette future rencontre. J'avais accouché depuis quelques mois, je n'avais pas vu Eliane depuis et c'est tout naturellement et souriante qu'elle venait prendre des nouvelles de ce bébé tout neuf. J'étais depuis la naissance de G. dans une fatigue constante, souvent un peu ailleurs, vivant au jour le jour. Mais là, tranquillement, je faisais mes courses, toute occupée à planifier la semaine à venir et ne rien oublier pour que la maison tourne à peu près normalement, avec ou sans moi. Elle s'approche heureuse de me voir, vraiment heureuse, un grand sourire illuminant son visage. Elle s'exclame "Valérie ! Comment vas-tu, comment va ton bébé ?" Et là, la pauvre, elle se retrouve face à un raz de larmes. Je ne contiens plus rien, tout s'arrête autour de moi, on me regarde atterré, Eliane ne comprend pas. Plusieurs minutes me sont nécessaires pour pouvoir reprendre le contrôle, la vie autour lentement redémarre. Je lui explique, nous bavardons un peu et nous repartons chacune de notre côté.

Ces photos engrangées et en général banales, cachent souvent des moments intenses, pas forcément douloureux. La photo d'avant cet effondrement, ne peut en rien présumer de ce qui suit, et même si je sais, elle reste un "instant neutre", l'instant où je fais des courses et ou rien d'autre n'entre en ligne de compte.

Notre mémoire se fabrique ses archives faites d'instants, de sons, d'odeurs. Est-ce ce fouillis qui surgit lors de notre mort ?

jeudi 25 octobre 2007

Mes nuits redeviennent un havre de paix, ce sont des nuits consolantes, enrichissantes.

Cette nuit je suivais une femme qui marchait vite dans une petite ville déserte, un jour un peu gris, des pavés résonnants de son pas pressé. Nous avons tourné à gauche comme nous l'indiquait une voix, j'étais maintenant cette femme et cette petite rue descendante dans laquelle je venais de m'engouffrer ressemblait à une petite rue de Kaysersberg, celle juste avant le pont. Mais à la place du marchand de santons qui est au bout de cette rue alsacienne, je suis entrée dans un atelier sombre et ancien d'un horloger orfèvre. Derrière son établi, un vieil homme gravait une montre en or rose. Je me suis assise en face et je l'ai regardé sortir d'écrins divers, des merveilles. Tous ces objets avaient une utilité mais ils étaient admirablement travaillés, délicates gravures entrelacées les habillant tout entier. J'ai caressé ces bijoux dont les teintes roses, ors et blanches s'éveillaient sous mes doigts. Il me montrait ces trésors d'autrefois et juste avant de me réveiller je lui ai dit "C'est cela que j'aime, ne rien posséder mais pouvoir un instant tenir dans mes mains ces splendeurs" Nous nous sommes souris et ma nuit était terminée.

mercredi 24 octobre 2007

Que mon blog soit un blog qui fait réfléchir m'étonne sincèrement. Depuis quelques jours je trouvais sur certains blogs des liens qui renvoyaient à d'autres donnant à réfléchir et je souriais en me disant "aucun risque que je sois dans le lot". Parce que mon blog est un peu un fouillis d'histoires, de chat, de fleurs... mais pour ce qui est de réfléchir? Je crois que je réfléchis comme une furie dans ma tête mais que justement cela ne transparaît pas ici.
Alors comme Dr CaSo m'y invite, je vais un peu parler de cinq blogs qui eux me font réfléchir (hum hum en réalité peu ne me font pas réfléchir et la sélection est forcément restreinte)

Tout d'abord respecter la consigne : "Le principe de la Thinking Blogger Award est le suivant : si tu fais partie des personnes récompensées, et seulement dans ce cas, publie un article dans lequel tu feras apparaître à ton tour cinq blogs "qui te font réfléchir", avec les liens vers ces derniers pour que l'on puisse les visiter. Fais un lien vers l'inventeur de ce prix."


Bon, Dr CaSo est ma blogueuse de référence, celle que je lis quoiqu'il se passe, celle à qui j'aurais donné un prix pour son ancien blog et à qui bien sûr j'en donnerais un pour le nouveau.

Je vais parler de blogs qui m'ont ouvert les yeux.

Un jour, je ne sais plus par quel lien je suis arrivée chez Chondre. Je lisais depuis quelques mois déjà, Ron, plusieurs fois j'avais atterri chez Matoo et là ! pouf ! Chondre ! Et j'ai lu les débuts du blog, le milieu et chaque nouveau billet. Certains billets m'ont réellement bouleversés et fait prendre conscience de la douleur que peut engendrer le rejet des autres. Moi qui n'avais jamais pensé que la sexualité pouvait être sujet à rejet aussi violent, je me suis pris ça dans la gueule vraiment et depuis je suis féroce envers ceux qui sont intolérants envers les homosexuels. En cela Chondre me fait vraiment réfléchir mais bien rire aussi.

Gilda elle m'ouvre des horizons littéraires magiques. J'aime la lire, vagabonder sur ses écrits. J'ai découvert des auteurs dont elle parle avec amour. Je pars en voyage, la suivant à La Rochelle, m'asseyant à côté d'elle dans le métro, je m'évade. Je ne quitte jamais son blog indifférente.

Faire un bond au dessus de l'Atlantique et je suis chez Otir ! La première fois que j'ai lu un de ses billets je ne suis pas repartie indemne. Lorsque j'étais petite, nous avions des amis dont la fille aînée était autiste. Cette prison dans laquelle vivait cette petite fille était pour moi terrifiante. "Un jour à la fois" est l'histoire d'une famille pleine de vie de cris et d'amour. Nul angélisme, mais beaucoup d'humanité. Je n'ai plus du tout le même regard sur l'autisme depuis que je vais chez Otir.

Mais moi j'ai bien plus que cinq blogs qui me font réfléchir ! Maître Eolas bien sûr, mais qui ne réfléchirait pas en lisant ce blog ? C'est un blog "instructif", qui nous rend plus citoyen.

Je dois encore en choisir un seul ? Alors arbitrairement je dis Fauvette ! Parce que son nom évoque le printemps et qu'il fait tellement moche aujourd'hui que j'ai besoin d'un rayon de soleil, parce qu'elle me réveille des souvenirs d'enfance, qu'elle bouscule aussi mes préjugés... je crois que c'est cela que les blogs m'ont le plus apporté. Bousculer mes petites certitudes !

mardi 23 octobre 2007

reposée

Chamade se repose.
Raconter des bribes de cette vie, édulcorer, épousseter, ombrer sans pour autant inventer. Comme dans la vie la vraie, celle que j'arpente sourire aux lèvres. Se mordre les joues, lever les yeux pour retenir les larmes, tourner la tête et se moucher "ah ce rhume chronique".
Pourquoi alors la semaine dernière n'ai-je pas pu retenir les vannes ? Qu'est ce qui a fait que brusquement je ne pouvais plus maîtriser cette angoisse ? Objectivement j'étais comme un poisson dans l'eau là-bas. J'ai tout de suite été adoptée, et mon départ n'a pas été facile. Mais malgré cette gentillesse instantanée, j'ai été noyée dans une angoisse incontrôlable et inexplicable. Il a fallu, pour expliquer à cette équipe, trouver une raison qui ne les remettait pas en cause puisqu'ils n'étaient pour rien dans ce naufrage. Alors j'ai prétexté cette lointaine agression qui justement s'était passée dans ce quartier, mais je sais bien au fond de moi que la raison est autre. La fonction elle-même sans doute, n'être juste qu'une décrocheuse de téléphone, et un sourire accueillant, ce côté inamovible aussi - personne n'a jamais été licencié dans cette association - on y est on y meurt !
Peut être est ce simplement cela, une voie sans issue... de garage.
Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable.


lundi 22 octobre 2007

A midi je finissais ma période d'essai tronquée. J'avais, ce matin en arrivant, donné en main propre ma lettre de "démission", j'ai tenu mes engagements, ne pas laisser la place vacante et former ma remplaçante. Maintenant je n'ai plus qu'à trouver un nouvel emploi.
A dix sept heures j'avais rendez-vous avec G. chez le médecin. Il avait besoin d'un certificat médical pour le volley, de se faire vacciner contre la grippe et, puisque mon emploi du temps le permettait, j'en ai profité pour discuter avec le Dr R. de la transmission du suivi de G.
G. continue à grandir, il a maintenant un mètre quatre vingt, JP se tient de plus en plus droit, il n'a aucune envie de se faire dépasser. Pour moi cela fait longtemps qu'avec mon un mètre soixante huit je suis "la petite".
Sur le chemin du retour j'ai demandé à G. s'ils avaient lu la fameuse lettre. Oui vite fait dix minutes avant la fin. Le professeur d'histoire leur a expliqué rapidement qu'elle avait été écrite par un jeune résistant qui avait été arrêté alors qu'il distribuait des tracts, puis il a demandé à un des élèves qui venait juste de se fourrer un bonbon en bouche de la lire et qui a eu toute les peines du monde à ne pas baver. Voilà, c'est tout !
Chamade est venue nous saluer, les yeux encore tout mouillés de sommeil.
Je suis allée faire un tout sur Gmail, mais pas de nouvelle de C.
Demain JP part à jeun à Lyon pour des examens médicaux, il ne pourra donc pas prendre son médicament qui soulage un peu ses douleurs, ni boire de café... pourvu qu'il ne s'endorme pas au volant.
J'ai repris mon euphytose.

dimanche 21 octobre 2007

Le poste de télévision

Depuis le 1er juin 1983 nous habitons au centre ville dans un soixante dix mètres carrés, un agréable trois pièces. Il y a presque deux ans que nous sommes devenus parents d'une blonde petite fille aux yeux bleus, notre couple est orageux mais nous nous aimons. Petit à petit nous nous installons "bourgeoisement". Nos étagères Louis Caisse repeintes en blanc, un ficus benjamina, la cafetière électrique, le téléphone, manque la télévision.

Une petite annonce dans le "74" propose une télévision d'occasion pour 2000 francs, je téléphone, prends rendez-vous pour ce samedi 10 janvier 87 et nous voilà partis avec nos copains Joanis et Maria. L'adresse nous conduit à La Roche sur Foron, dans une ferme. Le chemin est boueux il fait assez froid. Nous entrons dans la salle de séjour où trône la bête ! Énorme, recouverte d'un joli napperon sur lequel est posé une gondole brillante et une plante verte crevotante. Nous sommes un peu en avance et du coup ils n'ont pas eu le temps de l'allumer. Mais elle fonctionne, pas de problème ! Pour nous montrer la qualité de l'image ils la mettent en route. Il faut qu'elle chauffe, nous attendons quelques instants, d'abord le son puis vient l'image floue et ondulante, elle se stabilise, et petit à petit occupe la totalité de l'écran. Nous sommes séduits, nous l'achetons. Il faut ensuite, avec précaution et délicatesse la déposer sur la banquette arrière, emballée d'une couverture, une délicate odeur de ferme envahie la voiture.
Elle prend place sur la table basse de notre chambre, nous fêtons cette acquisition joyeusement et regardons notre première émission dans cette odeur particulière qui mettra quelques semaines à s'effacer. Nous découvrons "les nuls l'émission" que nous regarderons tous les soirs, et à midi souvent j'aime traînasser devant Jean Luc Delarue. Mais ma grande découverte est "Santa Barbara".
Un après-midi, alors que C. fait sa sieste, j'allume la télévision et me laisse embarquer dans une sombre histoire se passant au fin fond de l'Amérique. Au moment du générique de fin je réalise que c'est un feuilleton. Le lendemain profitant de la sieste de ma fille, je reprends le cours de cette histoire rocambolesque. Je n'ai aucune culture feuilletonesque, nous avions interdiction absolue de les regarder depuis que nous avions pourri les dimanches soirs de nos parents en les tannant pour aller chez notre grand mère paternelle regarder "Sébastien parmi les hommes". Le jour où la télévision était entrée à la maison, des consignes strictes avaient été établies : pas de feuilleton, uniquement les films "pour tous" puis "pour adultes et adolescents" recommandés par Télérama et de toute façon de manière très sporadique. Alors bien sûr, je n'imagine pas ce que peut être un soap opéra et chaque jour j'allume ma télévision pour suivre les aventures rocambolesques de Robin Wright.
Un jour, alors que j'ai loupé un épisode, je cherche le résumé de la veille dans Télérama et juste à côté du titre, un chiffre entre parenthèse : 278 ! Je souris en pensant à un trait d'humour du journaliste exagérant le nombre d'épisodes. Quelques temps plus tard, un des acteurs est purement et simplement remplacé par un autre acteur, le personnage garde son nom et aucune allusion n'est faite durant l'épisode sur cette invraisemblable métamorphose. Non seulement cette histoire ne semble pas avoir de fin, mais les acteurs sont interchangeables sans que l'on soit prévenus... je prends conscience que peut être que le chiffre indiqué à côté du résumé journalier est celui du nombre d'épisode réellement projeté. Je commence vraiment à en avoir marre d'être scotchée tous les après midi devant la télévision, marre de cette histoire à rallonge. Je me lasse et mon assiduité mollie. Alors lâchement j'abandonne "Kelly" et reprends ma liberté.
Je garderais malgré tout une certaine tendresse pour cette actrice et si par hasard est fait mention de la ville Santa Barbara lors des informations, je me surprends à fredonner "Santa Barbara qui me dira pourquoi j'ai le mal de vivreeeeee..."

mercredi 17 octobre 2007

instant de grâce

octobre 1991

Il avait fallu t'abandonner seul dans ton box. Tu t'étais endormi épuisé par cette journée cataclysmique, j'avais l'impression en me penchant sur ton berceau que je te regardais pour la dernière fois. Le service était déjà plongé dans la pénombre et c'est sur la pointe des pieds que nous étions sortis de ta chambre. Je te perdais.
Je dormirais comme prévu chez mon frère rue des quatre fils, on m'y attendait et chacun cherchait à éclairer ce trou noir dans lequel je me noyais. Le téléphone ne cessait de sonner, la nouvelle invraisemblable avait couru tout le long de la famille. Demain JP et C me rejoindraient, mais ce soir là nous étions tous assommés.

Incapable de dormir, dès quatre heures je suis debout, je bois un café brûlant et me prépare pour la route. Paris est totalement paralysé par la grève, pas de bus, pas de métro, il faut que je trouve un taxi.

Il fait doux, les pavés viennent tout juste d'être nettoyés, ils brillent et la rue est vide. Je ne connais pas le quartier, je pleure sans discontinuer depuis hier soir, je suis affreuse, bouffie, hébétée. Il faut que je trouve une station, aller vers Rambuteau, mais c'est où Rambuteau ? Je trébuche sur le trottoir, un homme sort d'un porche en marchant énergiquement. C'est la première personne que je croise - "Excusez-moi, pourriez-vous me dire où se trouve la station de taxi la plus proche ?" - "Mais vous n'en trouverez pas, pas aujourd'hui, c'est la grève" - "Ah ! Pour aller au Kremlin Bicètre je dois marcher dans quelle direction ?" - Je dois avoir un tel air de désolation - "Mais c'est loin, à pied c'est vraiment loin ! Vous êtes sûre que vous devez y aller ?" - Je lui dis que oui, que mon bébé est là bas, qu'il m'attend... "Venez, je vais vous avancer un bout de trajet, je prends ma voiture, suivez-moi !"
Nous descendons dans le parking, lui très chic, costume bien coupé, chaussures cirées, bel homme ! Moi, serpillère !
Il m'ouvre la portière de sa Rover décapotable noire... Et là franchement je regrette quand même un peu d'être aussi moche !

Il me conduira jusqu'à l'entrée de l'hôpital, me prédira toutes sortes de belles choses pour G. et d'un au revoir souriant me donnera l'énergie pour cette journée pas facile.

Alors moi je dis Vive la Grève !
Deux réunions hier. La première le matin à neuf heures avec ma collègue et la secrétaire de direction, nous commençons à mettre en place la répartition des taches en attendant le directeur. Ma collègue s'avère être souriante et affable, loin du portrait dressé par celle que je remplace. Nous élaborons le brouillon du planning, j'ai de plus en plus l'impression que ce poste est largement en dessous de mes compétences mais bon je m'accroche depuis une semaine, en gardant en tête ce que l'on m'a laissé entendre lors de l'entretien d'embauche, une rapide évolution. On arrive aux horaires, deux jours de suite je termine à dix neuf heures trente (en réalité je ne suis pas dehors avant vingt heures) et j'aimerais que deux soirs de la semaine je puisse sortir un peu plus tôt, on en est là lorsqu'arrive le directeur. Hop on ressort la fiche répartissant nos "missions" et d'un trait, le directeur efface le peu de travail demandant un semblant de responsabilité pour le basculer sur le poste de ma collègue. J'arrive, elle est là depuis plus de dix sept ans, c'est logique je ne peux rien dire. Puis mes horaires, lundi je sors à vingt heures (donc rajout d'une demie heure égale vingt heures trente) mardi magnifique j'ai droit à dix sept heures (hier je suis donc sortie en laissant tout en plan à presque dix huit heures) et les trois jours suivant je garde mes dix neuf heures trente. Je résume donc mon emploi :
- Je dis bonjour et au revoir aux gens qui passent devant mon comptoir
- Parfois je les inscrit à une activité, parce que j'ai le droit d'utiliser le logiciel (mais la maintenance est faite par ma collègue)
- Je compte ma caisse et éventuellement je vérifie celles des autres.
- Je remplis des chèques dont on m'a indiqué le montant puis je les passe à la comptable
- Je décroche le téléphone et dispatche les coups de fil
et j'attends j'attends j'attends que le temps passe !
- Enfin le soir, lorsque plus personne ne traîne dans les couloirs, je ferme la porte et je m'en vais vidée de toute énergie.

L'après-midi nouvelle réunion avec l'équipe cette fois-ci. Entre temps je suis rentrée à la maison, incapable d'avaler mon repas. Donc réunion ! Le directeur est nouvellement arrivé, il en profite pour clarifier son rôle, développer sa façon de voir sa fonction, celles des autres, bref il remet à plat quelques années qui ont été apparemment très délicates. Je suis un peu larguée, il y a eu semble-t-il de grosses difficultés les années précédentes, des tensions dans le quartier qui risquent fort de réapparaître, des tensions aussi entre les animateurs, toujours ces foutues heures de fermetures ! Au bout d'un certain temps je crois bien que mon cerveau s'est mis en mode "brouillard opaque".

Ma décision de ne pas rester prise, je suis allée voir le directeur à la sortie de cette réunion. Je lui ai expliqué les raisons qui font que je ne pourrais pas tenir dans ce rôle de subalterne où je ne trouve rien qui puisse même un instant m'apporter quelque chose. Et puis je crève de trouille le soir lorsque je sors seule du bâtiment et que je traverse la place non éclairée mais où traîne une faune mouvante et accompagnée par quelques rottweilers en liberté. Ce quartier est celui où je me suis fait agressée et je crois que j'ai présumé de ma capacité à passer au dessus.

J'ai préféré le dire vite pour que les candidates écartées puissent rapidement être recontactées. Je reste jusqu'à ce que ma remplaçante arrive et que je lui donne les quelques consignes. Je m'étais fait un cahier détaillant toute la "fonction" que je me ferais un plaisir de lui laisser. J'ai déjà postulé à un autre poste hier soir et je repars en campagne.
Cette nuit, pour la première fois depuis des jours, j'ai dormi sans me réveiller !

dimanche 14 octobre 2007

don

J'avais tout juste 10 ans, et je me souviens exactement de l'émotion que j'ai ressenti lorsque j'ai appris qu'une première greffe de coeur avait été réussie. Je crois que je suis tombée amoureuse, je tombais très facilement amoureuse en ces temps là, je suis donc tombée amoureuse de Christiaan Barnard. J'étais à mille lieux d'imaginer que j'aurai un jour des enfants, et encore moins qu'un de mes enfants vivrait grâce à cette avancée magnifique. C'est curieux d'ailleurs comme tout ce qui avait trait aux transplantations me passionnait. Que je sois baignée dans le milieu médical par la profession de mon père n'y était sans doute pas étranger, mais je trouvais cela magique et terrifiant. Il y a eu Barnard et puis plus tard Emmanuel Vitria que j'avais aperçu à la télévision chez mes grands parents strasbourgeois et qui me fascinait, j'avais un peu plus de 11 ans.
Barnard en plus avait un petit côté sulfureux qui n'était pas pour me déplaire, et d'Emmanuel je retiens son extraversion méditerranéenne qui me plaisait beaucoup, moi qui avait une tante pied noir que j'adorais.
Aujourd'hui, sur le parvis de Notre Dame à Paris, une journée pour promouvoir le don d'organe a lieu. Je n'en sais pas grand chose, juste que le parvis est fleuri et que des personnes viennent témoigner. Je n'ai jamais essayé de faire fléchir les personnes totalement contre le don d'organe, une de mes belles-soeurs veut partir "entière" et cela malgré ce qu'a vécu son neveu. C'est un sujet tellement délicat, qui nous confronte à notre future mort, que je comprends que pour certains cela soit insupportable, je me sens encore moins que d'autre le droit de culpabiliser ceux qui campent dans leur refus. Je voudrais juste dire qu'avant de dire non, réfléchir quelques instants à ce qu'implique ce refus et ce qu'impliquerait l'acceptation de faire don de ses organes ne fait pas prendre de grands risques.

Prendre quelques instants de sa vie et aller s'informer.

vendredi 12 octobre 2007

Pour résumer brièvement cette première semaine pas tout à fait encore finie !
J'aurais travaillé 43 heures intensives et cela agrémenté d'une migraine particulièrement active elle aussi. J'aurais ingurgité environ 9 années d'expériences diverses et rencontré l'intégralité du CA à qui j'ai été présentée hier soir, ma multitude de collègues, fait connaissance avec le public bigarré de tous âges, et commencé à prendre mes marques dans le quartier.
C'est tellement différent de ma dernière expérience, à tous points de vue, qu'il m'est difficile de savoir où j'en suis et cette migraine ne m'aide pas vraiment.
Ce week-end je mettrais à plat tout ce que je dois savoir... lundi je serais seule à la barre. Je n'ai pas encore rencontré ma collègue de bureau, je tremble un peu après ce que j'en ai entendu dire.
Mais vivement ce soir pour que je me repose.

J'ai un mois pour me décider !

mardi 9 octobre 2007

gloire futile

1994...
Nous étions revenus en chirurgie pour la pose d'un portacath. G. après plusieurs mois de perfusion n'avait plus aucune veine piquable et le traitement très agressif contre l'aspergélus nécessitait de régulières et longues perfusions. Il était donc préférable de lui poser ce petit domino sous la peau pour soulager son système veineux. L'opération s'était bien passée et nous étions en villégiature dans ce service devenu notre presque chez nous, passant la journée dans la salle de jeux où G. grimpait dans les encoignures des fenêtres pour apercevoir d'éventuels hélicoptères.
Un matin nous sommes appelés dans le bureau du professeur V., celui qui avait, non seulement fait le kasaï, mais également la greffe et cette dernière petite opération. Il avait un service à me, à nous, demander. TF1 prévoyait une émission marathon devant sensibiliser les gens aux dons d'organes, et il leur fallait des témoignages. Accepterions-nous de témoigner ?
Ce n'était pas la première fois que l'on faisait l'objet d'une telle demande, l'énergie et la bonne humeur de G. attirant constamment les regards. Il avait été mitraillé des heures par un photographe pour un article dans le Figaro.... alors va par TF1, le mal était fait !
Et nous voilà, le lendemain, pris en charge par une équipe de télévision, nous baladant de service en service, d'étage en étage suivis par un caméraman et un preneur de son. G. continue sa vie comme si de rien n'était, sautant sur le cheval à bascule que pour une fois il ne doit pas partager avec les autres enfants, privilège de star d'un jour, faisant des roulades, malgré ses drains, dans la piscine à balle, montant sur la terrasse pour simuler une quelconque leçon dans l'école de l'hôpital. De mon côté, je répondais aux questions du journaliste et la journée entière se passe.
On me préviendra du jour de l'émission, je signe quelques papiers et le lendemain nous reprenons notre rythme de croisière.
Les jours passent et bientôt arrive le mois de juin et la fête de l'école. Samedi, tout début de l'après midi, nous allons en famille participer à celle de l'école primaire de C. Il n'y a que quelques centaines de mètres entre notre appartement et l'école et c'est donc à pied que nous nous y rendons. Nous croisons des passants qui après un bref regard me font de grands sourires. Je vérifie ma braguette, jette un regard sur mon tee-shirt, passe une main sur mes cheveux afin de vérifier si un pigeon ne m'aurait pas gratifiée d'une petite crotte ? Non rien apparemment et pourtant chaque passant a, en passant à côté de moi, ce bref sursaut suivit d'un sourire de connivence.
Nous entrons dans la cour et la première personne que nous voyons se jette sur nous en disant :
- Eh Valérie je t'ai vue à la télé !"
- A la télé ? Mais l'émission est passée ?
- Oui oui t'es super !

Je suis un peu déçue de l'avoir loupée, mais apparemment je suis la seule, tout le monde l'a vu, tout le monde nous félicite. On était super il n'y a pas de doute !
En rentrant dans la soirée, le répondeur est rempli de messages, tous saluant notre prestation. Et le lendemain je ne peux faire un pas dans la rue sans que l'on me sourit comme à une bonne amie.
C'est ma belle-soeur, toujours au fait de l'actualité people, qui nous informe que non l'émission n'est pas encore passée, mais que par contre nous sommes dans le petit clip de lancement et que du coup toutes les heures je suis sur les écrans avec en toile de fond mon garçon. Durant 15 jours, à chaque plage de pub suit le clip de lancement de l'émission. Je ne fais plus un pas sans engranger des sourires.

Arrive la fameuse émission présentée par JPPernault ! Tous les amis ainsi que toute la famille sont derrière les écrans. On se réjouit de voir G. faire le clown d'autant plus que plusieurs spectateurs ne l'ont pas vu depuis la greffe. Nous nous installons avec des provisions pour supporter l'attente, l'émission dure quatre heures, pourvu que le reportage sur G. soit au début. JPP présente, musique sirupeuse en fond, public bien sage en attente. Première intervention d'une jeune femme qui a donné son cœur en échange d'un bloc coeur-poumons. La receveuse est là... stupeur ! En France le don est anonyme. Elle a fait une chanson en hommage à sa donneuse, et vas-y pour les violons mielleux et les larmes en gros plans de la jeune femme. C'est mal parti, je sens la soirée foireuse et j'imagine tout ceux qui vont supporter quatre heures de pathos. Heureusement qu'avec ma belle-sœur nous sommes en liaison directe et constante pour pouvoir "dauber" en toute liberté. On atteint des degrés de niaiserie dignes d'un JPP au sommet de son art.... mais toujours pas de G. On sature, chaque séquence farfouille de plus en plus profond dans le voyeurisme malsain. Je suis franchement mal à l'aise maintenant et je ne vois absolument pas où pourrait s'intégrer notre témoignage. J'ai raison, l'émission se terminera sans une seule image des longues heures filmées et nous irons nous coucher mal à l'aise d'avoir été malgré tout actif dans cette émission abjecte.

Pourtant, le lendemain, je rencontrerais des personnes persuadées et ravies de m'avoir tout de même "vu à la télé" ! La persuasion du matraquage !

lundi 8 octobre 2007

Je n'aurais ni le temps ni l'énergie pour rebondir sur le dernier sablier. Je suis juste un peu exténuée, épuisée... pour ne pas dire à ramasser à la cuillère.
C'est un peu tôt pour me faire une idée réelle de ce nouvel emploi, j'avoue que là j'ai l'impression de m'être pris une claque dans la gueule ! Je suis rentrée et me suis effondrée en larmes. Une bonne nuit, je vais essayer d'analyser le pourquoi de cet effondrement. Il y a plusieurs choses qui se télescopent, mais je me connais, je vais assez vite remonter la pente.
Je suis, pour une semaine, chapeautée par la fille que je remplace. Il y a une multitude de choses à enregistrer en un temps très court et ensuite je sais que je devrais me débrouiller seule. Il faut que je me protège de ce qu'elle me raconte sur une telle et un tel qui sont, à l'entendre, des personnes retorses. Surtout surtout me protéger des a priori, je viens juste d'arriver et nous n'avons pas du tout le même caractère. J'ai un mois d'essai qui je l'espère me permettra d'avoir une idée précise de ce qu'est réellement cet emploi.
Mais ce soir je suis incapable de prendre du recul et je suis noyée de larmes !

Edit du lendemain !
Malgré une nuit plus que courte, et des yeux de lapin atteint de myxomatose, ma journée s'est plutôt bien passée. J'ai commencé à travailler, j'ai pris des tonnes de notes, j'ai fait la connaissance de plusieurs personnes sympathiques. J'ai juste une angoisse folle qui m'étreint vers 18 heures et sans en savoir la raison.
Je suis par contre épuisée et à neuf heures j'ai l'impression qu'il est minuit.
Avouer, hier sur ce billet, combien j'étais effondrée, m'a, j'ai l'impression, obligée de me secouer vigoureusement. Et tous vos mots m'ont rassurée et mis du baume sur le coeur. tant pis pour ce bisounourssisme mais je vous remercie !

Et puis je voulais juste apporter une petite précision, la personne que je remplace quitte son poste pour se rapprocher de là où elle habite (à plus d'une heure de route). Je crois sincèrement qu'elle a un bon fond mais qu'elle a pour des raisons personnelles beaucoup souffert par moment ce qui explique certaines difficultés avec quelques collègues. C'est en cela que je disais qu'il fallait que je me protège des a priori n'étant pas dans sa situation. Je ne voudrais pas, même si elle ne viendra jamais sur ce blog et si elle n'est aucunement identifiable, que l'on puisse se faire une fausse idée de ce qu'elle est. Elle est en ce moment aussi épuisée que moi le soir, s'efforçant dans un laps de temps très court de me transmettre le maximum d'informations, cela fait 10 ans de sa vie qui se clôture.

dimanche 7 octobre 2007

Une demi-heure encore avant que Samantdi ne mette en ligne son accroche, et je tombe de fatigue. Je n'ai pas conscience d'être stressée pour demain, mais cette fatigue me dit que je dois être un peu angoissée tout de même. Demain je ne me recoucherais pas après avoir donné à six heures le FK à G. J'ai déjà fait le pain pour demain, j'ai jeté les bouteilles et les cartons, j'ai fait le repassage, les lessives... je crois que je vais vite reprendre le rythme du double emploi du temps. D'autant plus que je suis à quelques minutes de mon lieu de travail, qu'il y a juste en face une pharmacie, un buraliste, un supermarché et à trois cent mètres un bureau de poste. Cela simplifiera l'intendance.
Je crois que je suis tellement contente de retrouver un emploi dans cette branche que cela adoucit mon angoisse perpétuelle de ne pas être à la hauteur.
Allez Samantdi ! vite vite cette accroche pour que je me plonge dans les bras de Morphée !

Edit : il est vingt deux heures et cinq minutes... l'accroche est dévoilée, elle est belle et je ne peux me contenter de jeter un billet vite fait avant de m'endormir. Dommage, parler du bonheur qui est le moteur de ma vie, aurait été une belle fin de sablier automnal. Je lirais demain avant l'aurore les divers interprétations ... j'éteins mon portable.
Edit du matin : Puisque peut être je vais, comme me le suggère Samantdi, m'y atteler ce soir, je ne vais pas ce matin faire le tour des autres participants.

samedi 6 octobre 2007

Je n'ai pas de mot. C'est rare.Mais c'est ainsi. Ma colère est au-delà des mots.
Le voir, grimaçant, sautant sur place, se tournant pour, une fois de plus, s'octroyer la victoire des autres, quel dégoût !
Et demain du haut de ses talonnettes il jubilera encore plus !
J'aurais tant aimé que les néo zélandais sortent vainqueur !

Edit : J'étais un peu énervée hier soir d'où ce billet qui, à tête reposée, me semble très primaire.
Il faut dire, à ma décharge, qu'un copain venu regarder le match, à fond pour le XV et accessoirement pour notre président bien aimé, au moment d'un essai réussi par les Français et emporté par l'enthousiasme, hurlant sa joie et sautant pour retomber lourdement, à défoncé notre canapé-lit fracassant deux lattes que je sais difficile à remplacer.
Voir ensuite au sifflet final, les caméras se tourner ostensiblement sur celui que l'on voit quasi jour et nuit sur tous les médias m'a je l'avoue mis dans une rage "chaude". Eh oui je suis capable de folles colères contrairement à Gilda. Colères qui s'éteignent aussi vite qu'elles se sont enflammées.

vendredi 5 octobre 2007

Je n'ai plus l'habitude de travailler en entendant des sons humains autour de moi. Cela fait si longtemps maintenant, si longtemps !
Ah si ! Tout de même ! Je parle, je me parle beaucoup et tout le temps. Je me parle grave, aigu, lentement ou à tout allure, très fort ou tout doucement.
Au début je chuchotais, je marmonnais plutôt. Ce n'est que lorsque je m'adressais à "le chat" que j'élevais la voix et puis petit à petit j'ai pris de l'assurance. Maintenant je m'adresse aux tomates sans timidité. "Eh bien vous êtes superbes Mesdames, vous rougissez joliment, encore un petit effort allons allons" je n'attends aucune réponse, j'ai déjà bien assez à faire avec moi. Nous nous répondons, j'adore me tancer "Mais ce n'est pas possible d'être aussi gourde, fait un peu plus attention à tes gestes tu as encore renversé du café" ... "Franchement ce n'est pas si grave, c'est bien moi qui fait les lessives non ?"...
Mais c'est vrai que mon interlocuteur préféré reste quand même "le chat". Nous dialoguons, je me suis mise à parler chat c'est plus simple. Pour l'instant il est le seul dont j'ai adopté la langue, en ce qui concerne les tomates et les radis je verrais plus tard, mais "le chat" lui, a fait tant d'efforts pour m'apprendre, que j'aurais été vraiment mal élevée de ne pas profiter de ses leçons.
Je crois que je suis douée, du moins "le chat" montre un vrai plaisir a m'apostropher, il penche légèrement la tête lorsque je lui réponds. Il a l'air assez satisfait. Certaines fois pourtant, il se plante bien proprement devant moi. Tout droit, les oreilles bien dressées, la queue joliment entourée autour de ses pattes parfaitement resserrées. Il ouvre grand ses yeux et module un son sur trois notes... c'est là que j'ai conscience que je ne suis pas encore bilingue... son air désolé devant mon incompréhension me fend le coeur. Parler ciboulette ou même cageot est moins culpabilisant, ils ne me comprennent pas ? Quand bien même de toute façon, ils ne me contrediraient pas !
Depuis quelques jours cependant, il m'arrive de regretter l'avant, celui où à chaque instant je pouvais être surprise par des phrases, des mots, où il suffisait d'en attraper un pour tricoter une petite conversation bien niaiseuse mais si reposante pour l'esprit. Je vagabonde, je m'attriste un peu et puis je m'ébroue, d'un chiffon de pensés j'efface ce souvenir "Dis donc "le chat" ça ne te dirait pas de faire un petit tour dans le jardin ?

Et voilà... je meurs de trouille !
Lundi 8 octobre... tadaaaa ! Je commence mon nouveau boulot !
Alors, à tous qui m'avez soutenue...

MERCI !

mercredi 3 octobre 2007

Je comprends ce que les gens disent. C'est pénible, je n'en ai pas l'habitude. Je déteste ça. Les gens parlent, j'entends sans avoir besoin d'écouter et je comprends. C'est infernal. J'ai l'impression de me mêler de ce qui ne me regarde pas. D'ailleurs ça ne m'intéresse pas, je ne veux pas savoir. Je m'en contrefous de leurs problèmes, de leurs grands mères, de leurs chaussettes qui tirebouchonnent, du chat qui a encore pissé dans les godasses, du Chabal qui a le cheveu gras ! C'est dingue cette histoire ! Quand Simon m'a donné ce truc jaune en me disant "tiens bouffe ça, tu vas voir c'est énorme" j'aurais jamais imaginé qu'après ça je serai noyée dans les bavardages crétins des voisins, jamais ! Je n'en peux plus, j'ai pas encore ouvert les yeux que déjà je sais que "Gérard a dit que Raoul il pensait que la Jeannine elle s'était fait tirer la tronche, que ç'ui qu'habite au dessus il a fait encore gueuler sa télé toute la nuit. Et tiens la Chazal y parait qu'elle est avec un jeune... "et j'en ai pour la journée, que dis-je la semaine à supporter ces conversations indigentes. Mais qu'est ce qui m'a pris d'avaler ce comprimé, mais qu'est ce qui m'a pris ! Mon café que j'aime tant prendre dans un silence religieux c'est foutu ! "T'oublies pas le pain - Chantal a pas encore appelé ?- Yasmine tu vas renverser ton bol !- Y'A PLUS D'PQ- des croquettes je veux mes croquettes !!!!!!! j'y crois pas, j'comprends même le chat !

Et Simon qui répond pas au téléphone. Il doit se marrer, ce salaud. Une semaine ! Une semaine à entendre toutes les niaiseries des voisins et encore s'il n'y avait que les voisins, mais depuis tout à l'heure j'ai deux mouches qui se racontent leurs vacances !

Alors là une chose est sûre, plus jamais tu entends ! plus jamais tu me verras bouffer un truc de c'genre !


Edit : ce qu'en ont fait les autres participants !
Bon le téléphone reste totalement muet... rien de rien aucune nouvelle ! Incroyable, j'étais sûre de moi et... pffuuuit rien ! Mon entretien a eu lieu vendredi à dix huit heures trente, j'avais l'impression que nous étions sur la même longueur d'onde et là, 5 jours de passés, on peut en déduire que ce n'est pas l'enthousiasme. En gros c'est mort !
Je repars en campagne, demain j'ai rendez-vous pour discuter de mon profil, le remettre à jour, dans l'agence intérim où j'ai brillamment passé les tests de compétences il y a déjà 15 jours. Effectivement, il est vraisemblable que depuis le 16 septembre mon profil a changé !

En traînassant sur Blogger je suis tombée sur Blogger play. Des photos qui défilent, des blogs de tout et n'importe quoi, un brûle temps idéal pour un début de migraine que je tente de tuer dans l'oeuf une fois de plus. Si j'ai bien compris ce sont les photos téléchargées par les blogueurs en temps réel (ou presque). J'y ai passé un petit moment légèrement hypnotique.

Je me demande si le fait de corriger un billet publié (que je suis évidemment obligée de re-publier ensuite) induit une seconde information dans le fil RSS ? Parce que dans ce cas je remplis allègrement le fil RSS avec mes constantes corrections !

Ce matin à la lecture de mes blogs incontournables, plusieurs fois j'ai les larmes aux yeux. Certaines tristesses sont si poignantes que je voudrais savoir trouver les mots, mais je reste muette et les quitte sur la pointe des pieds. Heureusement il y a les commentaires chez SpyciNico dont je ne me lasse pas et ce matin Bon pour ton poil qui m'a fait rire aux larmes, surtout lorsqu'il s'éclaire avec son téléphone portable et que son ami Aaron Abradovsky se demande pourquoi tous les matins il reçoit un sms vide de sa part (à lire absolument pour bien finir la journée).

Tout à l'heure j'irais lire le début du sablier du jour... et peut être m'y attellerai-je !

mardi 2 octobre 2007

J'ai très longtemps habité près d'un pont SNCF, tout au Nord de Paris.
Un pont très noir, qui tremblait au passage des trains de marchandises, un pont que j'aimais.
Comment pouvait-on aimer un tel tas de ferraille, lui trouver un quelconque charme ?

Sans aucun doute, je devais être le seul dans ce cas.
Certains jours, alors que Paris s'ébrouait, brossé de toute part par des balais encore en paille, avant même d'avoir pris mon café, je grimpais les escaliers en fer. Résonnaient dans l'air mes pas frappant les marches, effrayant les pigeons qui lourdement quittaient leurs abris. Je me postais bien au centre, glissais mon nez entre les mailles du grillage qui courait le long de ce pont squelettique, humais les trains en partance... je quittais Paris ! Sous mes pieds, le souffle des wagons faisait trembler tout mon corps, j'entrais en résonance, roi du pont, roi du monde. La brusque bouffée chaude me surprenait toujours, j'étais seul et tellement puissant.
Fermer les yeux, des doigts caresser les clous ronds, sentir l'odeur métallique, apprivoiser sa forme et repartir, la main traînant, faisant des vagues sur l'ossature de mon pont, pour, jusqu'au bout, faire corps avec l'ailleurs.

Ces instants là n'avaient pas de prix, j'aimais ce pont !

Edit : Ce qu'en ont fait les autres participants

plus tard

Je me souviens de ce jour, bien avant la greffe, nous étions assis à l'étroit, dans ce petit box du secteur "bébés", le médecin face à moi, G. sur mes genoux. Il venait de l'examiner et nous faisions le point sur le traitement. A un moment il me demande "Vous lui donnez bien du fluor ?" - non cela n'avait pas été prescrit dans la longue liste des médicaments qui constituaient son petit déjeuner. Il n'est pas content... "Mais enfin il faut lui donner sa dose de fluor régulièrement, c'est important pour plus tard !" Plus tard ! Nous vivions au jour le jour, plus tard ne faisait pas partie de notre futur. Ce fluor me semblait si dérisoire, y aurait-il un plus tard ? Demain était déjà tellement aléatoire !
Nous avons donc ajouté le comprimé de fluor, et pour conjurer le sort en rentrant à la maison quelques semaines plus tard, je lui ai ouvert, comme je l'avais fait pour sa sœur, un compte à la caisse d'épargne.
Il fallait inclure ce terrible avenir, donner une chance à la chance.

16 ans ont passé. L'avenir est déjà un peu passé, présent et avance avance...

C'est un garçon magnifique, qui fait fondre le cœur des jeunes filles, qui n'aime rien tant que faire des duels sur Battlefield, beaucoup moins ses devoirs. Et je veille, bataille parfois pour qu'il n'oublie pas ses promesses et maintienne ses notes au dessus du dix fatidique.
Et puis je m'interroge, je voudrais tant qu'il jouisse sans entrave de la vie, lui dont l'enfance a été bousculée, rogner ce temps de vie pour un avenir....

Tss tss ! J'entends le Dr. B. au creux de mon oreille "C'est important pour plus tard !"
petits soucis...
il semble qu'il est difficile voire impossible de laisser des commentaires sur ce blog. Etant novice dans l'utilisation d'un blog, je ne sais comment y remédier. Je laisse donc, à ceux qui veulent, l'adresse e.mail où l'on peut me laisser un message. Et peut être vais-je doucement m'intéresser un peu plus aux autres plateformes.

On m'a prêté aujourd'hui un petit gadget avec lequel j'ai pu faire mumuse durant un peu plus d'une heure. Bien que je n'aie pas eu le temps de le détailler sous absolument toutes les coutures, je dois reconnaître avoir pris pas mal de plaisir à le manipuler.
On m'a bien recommandé de ne le montrer à personne, je l'ai donc prestement glissé dans ma poche et durant le trajet jusqu'à chez moi, l'ai tripoté discrètement tout en marchant vite pour pouvoir enfin l'examiner à l'abris de regards indiscrets.
Tout d'abord le tourner de tous côtés, comprendre comment le mettre en route... petit bip... silence... un halo léger de couleur bleutée émane de l'objet tout entier. D'un doigt, effleurant le nuage ouaté, un son très doux accompagne mon geste. Une légère vibration et la couleur prend une teinte mordorée délicate. De chaque côté trois petites excroissances grises sans signe distinctif, j'appuie sur l'une d'elle... une musique aérienne s'évade de l'objet. Tour à tour je les essaye toutes et chaque fois une nouvelle découverte me fait regretter un peu plus le peu de temps que j'ai pour en profiter.
C'est sûr, cet objet est magique, mais déjà l'heure est presque passée hélas ! Vite je dois, en courant, rendre ce gadget à mon généreux prêteur. Au moment où je lui rends, toujours loin des yeux trop curieux, je remarque un clapet qui m'était passé inaperçu... et je sens le regret m'envahir.

Une heure c'est bien trop court pour un gadget aussi mystérieux !

Edit - ce qu'en ont fait les autres participants

lundi 1 octobre 2007

enfer et paradis

Juillet 73, ma mère avait décidé que ces vacances je les passerais loin d'elle. Elle m'avait donc trouvé une occupation lucrative, garder les deux enfants d'une de ses amies du cours de gym. Mme d'H. Elle passait les vacances à Houlgate sans son mari qui travaillait tout l'été à Paris.
Je débarquais pleine d'espoir, j'allais gagner de l'argent tout en m'amusant. Le programme très simple se résumait à garder deux enfants bien élevés, de bonne famille, au bord de la mer, logée dans une superbe maison entourée d'un parc gigantesque.
Très vite je déchantais, dès mon arrivée j'avais été accueillie très froidement par Madame. Je "logerais" sous les escaliers en face de la porte de la cave. Un lit de camp avait été monté à la hâte, et une couverture légère ferait office de literie complète.
Puisque justement j'étais là, elle pourrait enfin s'occuper de ses enfants et moi je ferais office de femme de ménage, de cuisinière et le soir de nounou pour que Madame puisse se reposer.
Au bout de deux jours je voulais m'enfuir. Chaque instant était pour elle prétexte à me rabaisser au sujet de mes origines non nobles, de mon immaturité, de ma bêtise évidente. Ses enfants s'amusaient à m'humilier en me jetant le soir, au moment du bain, leurs culottes sales à la figure en hurlant "tiens sale communiste, nettoie". L'aîné qui avait tout juste 8 ans chantait d'un air malsain "le dimanche matin, avec ma putain, sur les bords d'la Seine". Je nageais dans un cauchemar effrayant.
Au bout de trois jours, n'en pouvant plus, je demandais à Madame de me permettre de téléphoner à mes parents. Au bord du sanglot, j'essayais vainement de faire comprendre à mes parents ce que je vivais. Mais mon père me traita de feignante et me dit que pour une fois j'allais comprendre ce que ma mère endurait en s'occupant de nous. Il raccrocha furieux, et Madame triomphante ordonna que je quitte le salon et retourne dans "ma chambre".
Madame me gavait. Elle me forçait à manger des platées monstrueuses. Les salades de tomate et de carottes recouvertes de sucre en poudre, la viande hachée noyée dans une poêle remplie d'huile, elle s'amusait à me faire grossir. Je devais finir, quitte à vomir, des quantités de nourriture sous son oeil mauvais.
J'étais chez une folle !
La semaine se finissant, Monsieur vint passer le week-end. Deux jours où je respirais. Monsieur profitant des instants où Madame n'était pas dans les parages avait bien essayé de me faire des avances, mais voyant mon incompréhension avait laissé tomber.
A peine était-il parti que le cauchemar reprenait de plus belle. J'avais en plus l'étiquette de l'allumeuse d'homme marié. Moi qui était une véritable oie blanche, je me sentais salie en plus d'être humiliée.
Désespérée je tentais à nouveau de faire fléchir mes parents, peine perdue.
Je restais encore une longue semaine jusqu'à ce que Madame exaspérée par ma présence me jette dans un train me libérant enfin de cet enfer.
Mes parents furieux vinrent me chercher à la gare. Et le lendemain ma mère m'ayant trouvé un nouvel enfant à garder je repartais la mort dans l'âme, m'attendant au pire.

De l'enfer j'atterris au Paradis !

Bien des années plus tard, ma mère me dit qu'elle avait eu des nouvelles de Madame d'H. En riant elle me dit que j'avais eu raison, cette femme était totalement dingue et méchante et son mari à bout de force avait divorcé peu de temps après cet été funeste.

sortie scolaire

Parmi les différentes requêtes menant à mon blog, une récurrente est celle concernant Laurence Piquet soit nue ou juste elle-même sans autre précision. Il n'y a pas une semaine où je n'ai la visite de quelqu'un recherchant une photo de cette journaliste.
Or tout à l'heure, en feuilletant un album de photos pour illustrer le billet que je prévoyais d'écrire, je tombe sur une photo de la fameuse Laurence avec qui j'avais fait une sortie de classe il y a bien longtemps.
Nous étions allées en cours de sciences naturelles, étudier sur le terrain, dans la forêt au dessus du jardin zoologique de Mulhouse, la végétation en automne. Et j'en avais profité pour mitrailler mes copines de classe dont Laurence qui sur cette photo tient un champignon !
Je ne crois pas atteindre à sa vie privée en publiant ce cliché, par contre je satisferais une part de ces lecteurs aventureux.