mardi 17 avril 2007

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..."Je ne sais pas bien à quoi correspondent les dernières volontés, auxquelles on attribue une sorte de caractère sacré. L'autre jour, ma copine Calixte ( qui est jeune et en pleine forme) me disait : "Je veux être incinérée et qu'on disperse mes cendres dans l'océan", je lui ai demandé si elle pensait que quelqu'un dans son entourage serait assez fort pour le faire, que pour ma part, je trouvais terriblement égoïste d'imposer ce genre de geste romantique aux survivants."

- Dernières volontés - par Samandti - 17 avril 2007

Mon frère avait lui aussi fait part de son désir d'être incinéré, ce que nous avons respecté. Mais nous avons gardé ses cendres dans l'urne, que nous avons enterrée dans le terrain de la maison familiale. Mon mari, quelques années plus tard, a sculpté dans une pierre du terrain, un oiseau qui en garde l'emplacement.

Plus tard, une amie a déposé dans la coupe trois larmes de nacre que l'on caresse en passant.

J'aime l'idée de le savoir un peu là, en pensée.

Même si je comprends et accepte la demande de disperser les cendres, il me semble que ce geste me serait à faire, extrêmement douloureux. J'ai, comme Samandti, besoin de pouvoir retrouver un endroit où me recueillir même un tout petit instant. Je n'arrive pas à mettre en mot ce que provoque chez moi cette dispersion, comme un déchirement plus aigu, être arrachée aux tout derniers souvenirs ? Je ne sais pas. Je me rappelle mon hébétude, lorsqu'un jour où, venant d'apprendre la mort d'une amie et voulant lui dire au revoir, je m'étais retrouvée devant un carré d'herbe où ses cendres avaient été dispersées. Je crois bien que je me suis sentie dispersée aussi, je n'ai pu lui dire au revoir.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me souviens que tu avais parlé de cette urne chez Otir, je me la représentais bien ainsi.

Merci pour ce "petit ricochet", Valérie.

Anonyme a dit…

En meme temps, disperser les cendres dans l'ocean c'est sympa, a chaque fois qu'on voit la mer on pense a celui/celle qui nous a quitte... Je comprends ce besoin de se recueillir a un endroit precis, mais moi je n'ai jamais vecu tres longtemps a un endroit precis, j'aime voyager, j'aimerais etre enfin libre de la pesanteur de mon corps, j'aimerais jouer avec le vent et les nuages, donc je prefererais qu'on disperse mes cendres dans le vent, l'ocean, la foret...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Mhmm moi une fois morte, cela m'est assez égal de savoir ce que l'on fera de ce qui reste, je me posais uniquement dans le rôle de celle qui est encore là. J'ai une idée assez floue de l'après, mais s'il y a un après, je le vois, quoiqu'il soit fait du corps, totalement libéré et donc libre de mouvement. C'est juste qu'avant d'être morte, j'ai besoin d'avoir un endroit précis où me recueillir. Pourquoi ? c'est à creuser ;-)

Samandti, tout comme Otir je me sentais incapable de laisser un message et pourtant comme souvent tes écris me donnent à réfléchir. Merci d'être venue faire un tour ici

Anonyme a dit…

Touchant, Valérie, comme tu as dit, il est parfois si difficile de laisser simplement un commentaire, qu'il vaut mieux faire un ricochet.

Merci d'avoir rebondi sur nos billets et combien ce que tu écris ici me parle (et moi qui te lis depuis des semaines, voilà que je me débusque pour t'y laisser un commentaire, enfin, et sur les larmes de nacre versées en mémoire de ton frère, quel symbole qui me parle, sans que je sache ou veuille vraiment dire où et comment...)

Je pourrais aussi témoigner dans ton sens, sur la difficulté pour les survivants d'avoir à vivre avec les choix dictés par les décédés, et que l'on aura voulu respecter, même s'il s'agissait d'un choix ne les respectant pas nécessairement à l'époque.

J'ai une de mes tantes, la dernière encore en vie dans ma famille proche, qui tient à l'incinération, sous le prétexte qu'elle ne "veut pas qu'on ait à s'embêter à entretenir sa tombe". C'est difficile de l'entendre ainsi répéter cela, quand tant de membres de nos familles directes n'ont pas eu de tombes, et mêlé leurs cendres dans l'horreur et le silence.

Mais même au-delà de cette évocation trop sensible et ciblée, - je ne tiens pas à imposer ma vision négative de cette procédure mortuaire qui a peut-être du sens pour d'autres - je crois que les vivants ont besoin des lieux, même s'ils ne s'y rendent pas forcément.

Parce que les lieux, c'est quelque chose qui continue à exister, malgré l'absence.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Peut être que pour cette tante il y a le désir de rejoindre ceux qui n'ont pas eu de sépulture.
Otir, je suis très sensible à ce que tu as écris et cela complète justement ce que je ressens. Merci